Il n’y a pas si longtemps encore, Paris regorgeait d’ateliers d’artisans d’art au service de la filière du luxe. Plumassiers, orfèvres, brodeurs, dentelliers, plisseurs, gantiers ou encore modistes, tailleurs graveurs, maîtres laqueurs représentaient les fondations de ce secteur.
La mondialisation et l’industrialisation du luxe ont eu peu à peu raison d’un grand nombre d’entre eux. Trop onéreux pour rendre le luxe accessible au grand public, certains matériaux précieux et des savoir-faire ancestraux ont été abandonnés. À titre d’exemple, en 1900, plus de 300 plumassiers œuvraient pour la mode au cœur de Paris. En 1960, ils n’étaient plus que 50. Aujourd’hui, seuls quelques-uns ont résisté à cette mutation comme l’atelier Lemarié, fondé en 1880 à l’époque des chapeaux volières et ayant acquis, depuis, le titre de premier plumassier de France.
Au début du XXIe siècle, la Haute Couture a même frôlé l’extinction, et ses précieux sous-traitants artisans d’art avec. La démocratisation du luxe aidant, des dizaines de grandes maisons ont délaissé cette exception française pour privilégier des activités telles que le prêt-à-porter, les accessoires ou encore les cosmétiques, indéniablement plus rentables.
Envers et contre tout, certains artisans d’art ont néanmoins survécu à cette conjoncture, parfois seuls, parfois rachetés par de grands groupes ou par des entrepreneurs visionnaires, conscients que s’ils n’agissaient pas, la perte de ce patrimoine manufacturier inestimable serait inéluctable et irréversible…