Deux situations classiques de tensions propices aux conflits se présentent à ce niveau. La première hypothèse s’impose par le rapport des forces en présence. Eu égard à la logique des intérêts et de rentabilité qui animent les acteurs étatiques en relation et en négociations : plus leurs positions sont asymétriques moins il sera probable que leurs échanges soient égaux. Comme au xixe et au xxe siècle, avec les tutelles devancières, les échanges entre l’Afrique et les géants asiatiques se jouent dans cette condition existentielle tensiogène globale.
La réaction des tutelles traditionnelles à la suite du risque de mise en perce asiatique de l’Afrique constitue l’autre origine fort probable de conflits, comme illustrée par le déclenchement de la seconde guerre du Congo en 1998. Elle va probablement considérer la forte présence de l’éléphant indien et plus particulièrement celle du dragon chinois en Afrique subsaharienne comme une intrusion dans ce que ces dernières considèrent comme leur prolongement naturel dans le cadre de l’Eurafrique. Elle est d’autant plus conflictogène et belligène que son analogie avec la guerre froide ne suffit pas à traduire le potentiel de conflits. L’implication des anciennes métropoles peut d’autant plus rencontrer un choc que la révolution industrielle asiatique, contrairement à celle occidentale (xixe-xxe siècle) répond aux besoins de milliards de consommateurs. Elle comporte d’autant plus de risques qu’elle voudra contenir, au moyen du gant des Droits de l’homme et de la bonne gouvernance, les ardeurs du dragon qui ne fait pas mystère, à cet égard, de ses besoins en matières premières et en sources d’énergie…