L’immigration subsaharienne occupe une place majeure dans le débat public européen. Tout se passe comme si les migrations africaines représentaient un flux massif d’entrées en Europe et d’exodes en Afrique. Diverses données témoignent pourtant du fait (1) que les personnes originaires du Sud du Sahara représentent une minorité des flux et des effectifs de migrants en Europe, (2) que l’Afrique subsaharienne est la région du monde où l’émigration à destination des pays du Nord est la plus faible, et (3) que les départs vers l’étranger sont largement tournés vers les pays voisins. En réalité, les flux internationaux africains sont essentiellement intra-continentaux (Lessault et Beauchemin, 2009). Au-delà de ce tableau général, construit à partir de données agrégées parfois anciennes, on dispose de peu de données pour étudier les migrations subsahariennes.De nombreuses questions restent en suspens. La période récente est-elle bien marquée, comme on l’entend souvent, par une augmentation massive des migrations subsahariennes vers l’Europe ? Les migrants africains s’installent-ils définitivement là où ils migrent ou rentrent-ils dans leur pays ? Autrement dit, la migration africaine est-elle à sens unique ? Alors que la migration est largement considérée comme le produit de la « misère » du continent africain, les migrants présentent-ils vraiment des profils de miséreux ?
Les données du projet MAFE permettent de répondre, dans une certaine mesure, à ces questions. Elles ne permettent pas de construire un tableau qui couvrirait l’ensemble des migrations subsahariennes mais néanmoins d’étudier les migrations des principales régions d’émigration de deux pays, le Sénégal et la République démocratique du Congo (RDC)…