Le rapport de Lacan à Marx s’inscrit non seulement dans « l’émoi de Mai 68 » comme l’appelait Lacan, et j’y reviendrai, mais également et surtout dans l’histoire de l’ens et de ce que Derrida désigne par les « archipels de discours » dans son Entretien sur Marx et Althusser qui a été publié sous le nom de Politique et amitié.
Althusser et Derrida enseignaient tous deux à l’ens en bon voisinage, sans vraiment entrer en dialogue. Pourtant, entre eux il y avait Marx et Heidegger. Derrida note que Althusser et Foucault n’ignoraient rien de la référence à Marx dans La lettre sur l’humanisme de Heidegger et qui était destinée aux philosophes français par le biais de Beaufret. Ce dernier enseignait, lui aussi à l’ens, avec Hyppolite. Beaufret était l’analysant de Lacan, et c’est lui qui faisait le lien direct entre Heidegger et Lacan. Dans La lettre sur l’humanisme, Heidegger présente Marx comme un penseur de l’être comme travail, et non comme un penseur de l’être comme matière. Bref, un Marx non essentiellement matérialiste. Ce qui nous amènera à la question de la « production », où l’on verra déjà apparaître la généalogie des quatre discours de Lacan.
Mais n’allons pas trop vite. En somme, on avait Balibar, Macherey, Establet et Rancière qui travaillaient à Lire le Capital avec Althusser et Derrida qui se tenait en retrait. En 1965, la conjonction entre Althusser et Lacan se fait à travers leurs élèves dans Les cahiers pour l’analyse. Derrida y a publié.
Arrive « l’émoi de 68 » selon le dire de Lacan sur les événements de Mai 68. Sans y revenir ici, je vais m’appuyer simplement sur l’article que Lacan a donné sur commande au journa…