En termes de chiffres d’affaires, d’emplois ou de recettes publicitaires, la presse magazine musicale n’a jamais représenté qu’une part marginale au sein de l’économie des médias, tout comme elle n’a jamais joué qu’un rôle stratégique de second rang dans la filière musicale, par rapport à la radio ou à la télévision. Cette presse fut certes le média central pour la « pop musique » et le rock, mais simplement des années 1960 jusqu’au milieu des années 1980 – à un moment où ces musiques n’étaient pas encore mainstream. Elle fut ensuite dépassée par la presse généraliste et un traitement multimédia, au moment même où ces musiques devenaient majoritaires.
Cependant, plus que dans de nombreux autres secteurs de la presse, la dimension symbolique des magazines qui traitent de musique apparait souvent inestimable. Pour Assayas la critique musicale rock française est à l’origine d’un style d’écriture original et novateur, suivant en cela une tradition déjà initiée pour le jazz dans les années 1930. Pour Blum, les magazines musicaux ont longtemps joué un rôle décisif pour les lecteurs fans de rock, de reggae ou d’autres subcultures.
Le manque d’analyse en sciences humaines et sociales sur la presse magazine musicale vient en premier lieu du flou de la catégorie, qui n’existe ni commercialement, ni institutionnellement, ni scientifiquement. « Magazine musical » est un terme qui peut s’appliquer à des publications très différentes. Nous tenterons ici d’en faire un bref récapitulatif en décrivant les logiques qui s’y rattachent afin de définir aussi l’objet que nous traiterons…