1Réchauffement climatique, surexploitation de la planète… Nous en avons conscience, mais pourquoi ne parvenons-nous pas à réagir ? Parce que notre comportement est principalement déterminé par le striatum, non par la raison, écrit Sébastien Bohler. Voilà qui choquera bien des philosophes ! Mais l’auteur s’explique. Le striatum, structure nerveuse dans le cerveau, est inondé de dopamine lorsque nous éprouvons un plaisir. La dopamine accentue le plaisir, ce qui nous incite puissamment à renouveler les expériences agréables. Celles-ci relèvent de cinq types : manger, se reproduire, acquérir du pouvoir, minimiser les efforts, nous informer sur notre environnement. Développer ces aptitudes était vital lorsque l’espèce humaine, éparse, habitait un monde de rareté, si bien que la sélection a privilégié les individus au striatum le plus performant. Celui-ci nous pousse à vouloir toujours plus. Or, depuis qu’une grande part de l’humanité vit dans l’abondance, la raison serait de résister à une telle injonction. Dans un monde de nourriture rare, manger le plus possible quand l’occasion se présentait était utile ; dans un monde d’abondance, c’est néfaste. Lorsque les hommes vivaient en petits groupes, une hiérarchie était nécessaire pour organiser la chasse ; aujourd’hui, la volonté d’être dominant multiplie les conflits. Tous les penchants que, au cours des âges, le striatum a récompensés, donc renforcés, jouent désormais contre l’humanité. Comme la sélection a fait survivre les individus au striatum le plus impérieux, nous sommes incapables de lui résister. C’est le « bug humain ».
2Notre obéissance au striatum est inconsciente. Un premier pas pour se dégager de son emprise et répondre aux défis environnementaux est donc d’amener ses injonctions à la conscience.