L’espace des nomades touaregs s’est trouvé au cours de la colonisation européenne progressivement coupé en morceaux : les Français (qui s’emparent de l’Algérie à partir de 1830) et les Italiens (qui chassent les Turcs en 1912 de la Cyrénaïque et de la Tripolitaine) sont les deux nations extérieures qui ont progressivement occupé l’espace saharien. En s’installant, les Français ont découpé en territoires administratifs distincts, l’immense domaine saharien qu’ils s’étaient approprié. Ainsi, l’Algérie était constituée de trois départements français depuis 1848, mais le sud gardait le statut de Territoire : six territoires en 1902, puis quatre à partir de 1905, qui deviendront deux départements du Sahara en 1960. Les Touaregs « algériens » – et « libyens » – voient leurs frères et parents devenir « maliens », « voltaïques », « nigériens », au sein des colonies de l’Afrique-Occidentale Française. L’opposition des Touaregs aux Français est longue et multiforme, mais on peut dire que la mort violente de Kaocen en 1919 marque la fin des guerres frontales touarègues avec la colonisation française.
Si la Libye prend son indépendance en 1951, il n’en va pas de même pour le domaine colonial français. Toutefois, sentant peut-être l’irrésistibilité du processus de libération (indépendance du Soudan en 1955, du Maroc et de la Tunisie en 1956, du Ghana en 1957), la France imagine, en janvier 1957, la constitution de l’OCRS, (Organisation Commune des Régions Sahariennes) avec l’Algérie, la Mauritanie, le Mali, le Niger et le Tchad, pour mettre en valeur les ressources essentiellement minières de cet espace et crée un Ministère chargé des affaires du Sahar…