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Chapitre d’ouvrage

Chapitre 3. Self-help féministe et critique lesbienne du pouvoir médical

Les conditions de la (non-)problématisation lesbienne de la santé en France et en Suisse (1973-1991)

Pages 85 à 100

Notes

  • [1]
    Kathy Davis, The Making of Our Bodies, Ourselves. How Feminism Travels Across Borders, Durham, Duke University Press Books, 2007.
  • [2]
    Michelle Zancarini-Fournel, « Notre corps, nous-mêmes », in Éliane Gubin et al., Le Siècle des féminismes, op. cit., p. 209.
  • [3]
    Sandra Morgen, Into Our Own Hands. The Women’s Health Movement in the United States, 1969-1990, New Brunswick, Rutgers University Press, 2002, p. 3.
  • [4]
    Hannah Grace Dudley Shotwell, Empowering the Body. The Evolution of Self-help in the Women’s Health Movement, thèse en philosophie, Greensboro, University of North Carolina, 2016, p. 2.
  • [5]
    Clara Jourdan, Insieme Contro. Esperienze dei consultori femministi, Milan, La Salamandra, 1976 ; Ilse Lenz (dir.), Die neue Frauenbewegung in Deutschland : Abschied vom kleinen Unterschied Eine Quellensammlung, Wiesbaden, VS Verlag für Sozialwissenschaften, 2008 ; Vanessa D’Hooghe, « Spéculum, miroir et identités : le self-help gynécologique à Bruxelles dans les années soixante-dix », in Vanessa D’Hooghe et Julie De Ganck, Regards sur le sexe, Bruxelles, Éditions de l’université de Bruxelles, 2013, p. 143-156 ; Lucile Ruault, Le Spéculum, la Canule et le Miroir. Les MLAC et mobilisations de santé des femmes, entre appropriation féministe et propriété médicale de l’avortement (France, 1972-1984), thèse en science politique, université Lille 2, 2017.
  • [6]
    Pour ce faire, il s’appuie sur l’étude des archives du Mouvement de libération des femmes et du dispensaire des femmes à Genève et des archives du Groupe santé lesbienne déposées au sein des Archives recherches et cultures lesbiennes à Paris. Ce volet est complété par 13 entretiens avec des militantes s’étant investies dans ces différents groupes des années 1970 au début des années 1990.
  • [7]
    Lucile Ruault, Le Spéculum, la Canule et le Miroir…, op. cit., p. 692.
  • [8]
    Idem, p. 688.
  • [9]
    Lucile Ruault, « La circulation transnationale du self-help féministe : acte 2 des luttes pour l’avortement libre ? », Critique internationale, n° 70, 2016, p. 37-54.
  • [10]
    Lucile Ruault, Le Spéculum, la Canule et le Miroir…, op. cit., p. 703.
  • [11]
    Michèle, née en 1952, MLAC, puis Saphonie, Groupe santé lesbienne, Paris, juillet 2017.
  • [12]
    « Questionnaire sur la santé des lesbiennes », non daté (1986), archives, recherches, cultures lesbiennes (ARCL).
  • [13]
    Idem.
  • [14]
    La Feuille de consult’, nº 1, 1989, ARCL.
  • [15]
    « Vous avez dit : consultation gynécologique pour lesbiennes ??? », non daté (environ 1986), ARCL.
  • [16]
    La Feuille de consult’, nº 1, op.cit.
  • [17]
    Idem.
  • [18]
    Brochure de présentation de la consultation gynécologique pour lesbiennes, non datée (1988), ARCL.
  • [19]
    La Feuille de consult’, nº 1, op. cit.
  • [20]
    La Feuille de consult’, nº 3, 1989, ARCL.
  • [21]
    Idem.
  • [22]
    La Feuille de consult’, nº 5, 1990, ARCL.
  • [23]
    Lucile Quéré, « Luttes féministes autour du consentement. Héritages et impensés des mobilisations contemporaines sur la gynécologie », Nouvelles Questions féministes, vol. 35, n° 1, 2016, p. 32-47 ; Virginie Rozée et Clémence Schantz, « Les violences gynécologiques et obstétricales : construction d’une question politique et de santé publique », Santé publique, vol. 33, n° 5, 2021, p. 629-634.
  • [24]
    Michèle Larrouy, « Santé-maladie : peur et attraction ?… », La Feuille de consult’, nº 2, 1989, ARCL.
  • [25]
    Dominique Baruch, « Témoignage », La Feuille de consult’, nº 1, op. cit.
  • [26]
    Son prénom est anonymisé.
  • [27]
    Entretien avec Danielle, née en 1952 (MLAC, puis Saphonie, Groupe santé lesbienne), Paris, juillet 2017.
  • [28]
    Kristina Schulz et Leena Schmitter, « Women’s Liberation and the “Right to Choose”. Struggling for Abortion in the United Kingdom and Switzerland », in Silvia De Zordo, Joanna Mishtal, et Lorena Anton (dir.), A Fragmented Landscape. Abortion Governance and Protest Logics in Europe, New York et Oxford, Berghahn, 2017, p. 66-82.
  • [29]
    Isabelle Engeli, Controverses, décisions et politiques de la reproduction : une comparaison des politiques d’avortement et de procréation médicalement assistée en France et en Suisse, thèse en science politique, université de Genève et université Pierre Mendès France, 2007, p. 257.
  • [30]
    « Réunion avec les femmes des U.S.A », 1973, Archives contestataires, MLF-GE/S4/SS8.
  • [31]
    Maryelle Budry et Edmée Ollagnier, Mais qu’est-ce qu’elles voulaient ? Histoires de vie du MLF à Genève, Lausanne, Éditions d’en bas, 1999, p. 126.
  • [32]
    Maryse, née en 1945, février 2017.
  • [33]
    « Avortement : impasse ou peut-être la rupture ? », 30 novembre 1975, Archives contestataires, MLF-GE/S4/SS35/D56.
  • [34]
    « Pour la création d’une clinique féministe », non daté (1976), Archives contestataires, MLF-GE/S4/SS35/D56.
  • [35]
    Rina Nissim, Une sorcière des temps modernes. Le self-help et le mouvement femmes et santé, Genève, Éditions Mamamélis, 2014, p. 26.
  • [36]
    Sylvie Burgnard, Produire, diffuser et contester les savoirs sur le sexe. Une socio-histoire de la sexualité dans la Genève des années 1970, Berne, Peter Lang, 2015.
  • [37]
    Sappho l’faire, « Quelques remarques sur l’homosexualité, qui finiront bien un jour par former un tout cohérent ! », Genève, décembre 1972, retranscrit dans Pirouette et Girouette, « Zazie dans le rétro », CLIT 007, nº 8, septembre 1983, p. 15.
  • [38]
    Idem.
  • [39]
    Plusieurs facteurs expliquent cet état de fait, au premier rang desquels l’impossibilité des militantes à trouver des médecins formées aux techniques d’avortement et souhaitant le pratiquer.
  • [40]
    « Le dispensaire des femmes », non daté (environ 1980), Archives contestataires, MLF-GE/S4/SS35/D56.
  • [41]
    Andrée-Anne, année de naissance inconnue, infirmière au dispensaire des femmes, décembre 2016.

1 Au printemps 1969 à Boston se tient l’une des premières conférences du Women’s Lib au cours de laquelle huit femmes se réunissent en atelier pour échanger sur les femmes et leur corps. Elles abordent des thèmes liés à la sexualité et à la reproduction, et expriment leur méfiance vis-à-vis de leurs propres médecins. Le groupe décide de continuer à se réunir, d’abord dans le but de créer une liste de « bons médecins », puis pour rassembler des informations sur leur propre corps et ainsi ne plus dépendre de leurs médecins [1]. Leurs rencontres régulières donnent lieu à la publication en 1970 d’un livret intitulé Women and Their Bodies, qui devient en 1973 la « bible » du self-help, l’ouvrage Our Bodies, Ourselves. Ce manuel de santé féministe incarne la critique féministe du pouvoir médical portée par le courant de self-help. Devenu célèbre, il constitue un emblème « du combat des féministes pour la libre disposition de leurs corps [2] » et « la prise en main de leur santé par les femmes elles-mêmes et la récupération d’un certain contrôle sur leur sexualité [3] ». L’ouvrage est aussi représentatif de la très forte circulation des idées féministes de la « deuxième vague » au niveau global et des processus d’adaptation locale de ses contenus : il a été traduit dans de nombreux pays en Europe, en Asie, en Afrique et au Moyen-Orient.

2 Également en 1969, Carol Downer, une femme au foyer de la classe ouvrière blanche et mère de six enfants, s’engage dans les luttes pour la libéralisation de l’avortement en Californie. Se désintéressant rapidement d’une mobilisation axée sur la légalisation, elle milite pour que les femmes prennent elles-mêmes en charge la pratique abortive. Lors de l’apprentissage de ce geste, elle découvre comment prendre en main un spéculum et comment s’en servir. Le 7 avril 1971, lors d’une réunion dans l’arrière-salle d’une librairie féministe de Los Angeles, Carol Downer fait la démonstration devant un groupe de femmes de l’auto-observation du col de l’utérus à l’aide d’un spéculum, d’un miroir et d’une lampe de poche. Les participantes présentes ce jour-là commencent à se réunir régulièrement et pratiquent l’auto-examen du col de l’utérus au sein de ce qu’elles désignent sous le terme de groupes de self-help[4]. En 1972, les militantes ouvrent le Los Angeles Feminist Women’s Health Center, l’une des premières cliniques de santé et d’avortement contrôlées par des femmes.

3 Dès 1973, le self-help féministe voyage en Europe, via la diffusion outre-Atlantique de Our Bodies, Ourselves et ses traductions d’une part, et la tournée de six semaines et demie réalisée par Carol Downer et Debra Law à l’automne 1973 dans huit pays européens d’autre part. Ces voyages contribuent à étendre l’influence du self-help sur les mouvements féministes européens et conduisent au développement de groupes et de pratiques de santé autonomes dans plusieurs pays [5]. Ce chapitre propose de relire l’histoire de la réception du self-help féministe en Europe à travers le cas de son appropriation par les militantes lesbiennes. Il s’appuie sur une analyse comparée de la réception du self-help à Paris et à Genève pour comprendre les conditions de possibilité de l’élaboration d’un point de vue lesbien sur la santé. Il s’attache ainsi à saisir la manière dont les lesbiennes ont pu retravailler (ou non) la critique féministe du pouvoir médical [6].

4 L’histoire croisée des appropriations lesbiennes du self-help montre qu’à Paris et à Genève, le corpus pratique pour la reprise en main des savoirs sur les corps et la santé a été reçu et approprié de manière différenciée, ne laissant pas aux militantes lesbiennes la même possibilité de s’en saisir. La timide réception du self-help en France dans les années 1970 n’empêche pas son appropriation par des militantes lesbiennes à la fin des années 1980 et l’émergence d’une conceptualisation proprement lesbienne de la santé. En Suisse au contraire, l’élaboration d’une critique lesbienne du pouvoir médical a rencontré des obstacles alors même que l’appréhension élargie du principe de libre disposition du corps a, dans un premier temps, été plus favorable à l’appropriation de pratiques de self-help par les militantes lesbiennes.

Des groupes self-help au Groupe santé lesbienne

5 La tournée européenne de 1973 de Carol Downer et Debra Law constitue, en France, le premier vecteur de l’importation du self-help. Elle conduit à la création immédiate d’au moins deux groupes de self-help à Paris. Mais c’est surtout la deuxième moitié des années 1970 qui marque une étape plus soutenue de la réception et de l’implantation du self-help en France. La traduction en français de Notre corps, nous-mêmes en 1977 y participe grandement. Lucile Ruault a dénombré l’existence d’une douzaine de groupes de self-help en France entre 1973 et le début des années 1980, avec une nette augmentation du nombre de groupes à partir de 1977. Néanmoins, les divers groupes entretiennent peu de liens entre eux, si ce n’est aucun. S’ils sont (faiblement) intégrés dans la nébuleuse internationale du self-help via des échanges internationaux, la structuration au niveau national ne se fait pas et signe la « marginalisation du mouvement de santé parmi les réseaux féministes [7] ». Lors de la première tentative d’importation en 1973, l’action collective féministe est principalement mobilisée sur la question de la légalisation de l’avortement, ce qui ne favorise pas l’émergence d’une critique plus globale du corps médical. Il n’en demeure pas moins que le self-help « opère une influence diffuse au sein du mouvement féministe [8] ». Le self-help contribue en effet à donner un nouveau souffle aux pratiques des Mouvements pour la liberté de l’avortement et de la contraception (MLAC) qui ont continué les pratiques profanes d’avortement sécurisé après le passage de la loi Veil en 1975 [9], sans toutefois contrer les processus de désengagement militant qui caractérisent le début des années 1980. La plupart des MLAC et des groupes self-help disparaissent au milieu de cette décennie.

6 Le self-help a ainsi exercé des influences à long terme en France. L’étude de l’évolution du Groupe santé lesbienne parisien du milieu des années 1980 au début de la décennie 1990 donne à voir une influence un peu plus tardive, et encore méconnue, du self-help dans ce pays. Alors même que le self-help a souvent été associé en France à une préoccupation de femmes hétérosexuelles [10], notamment du fait de sa jonction avec les luttes pour l’avortement libre, c’est paradoxalement au sein du militantisme lesbien qu’il rencontre le plus d’écho à partir du milieu des années 1980, où il est investi comme une ressource par les réseaux militants pour penser la spécificité de la santé des femmes lesbiennes. C’est, par exemple, le cas du Groupe de réflexion et de recherches sur la santé des lesbiennes qui émerge au milieu des années 1980 à Paris au sein du réseau Saphonie, une « association culturelle [11] » lesbienne fondée dans l’optique de créer des « lieux de vie » et de rencontre entre lesbiennes. Prenant d’abord la forme d’un « atelier santé » qui réfléchit notamment à la possibilité de pratiquer des auto-examens, le Groupe santé lesbienne se forme ensuite avec pour objectif « d’analyser le fonctionnement du pouvoir médical et de mettre en évidence le sexisme du corps médical [12] ». Il diffuse en 1986, à travers le magazine Lesbia, un questionnaire portant sur la santé des lesbiennes et compte s’appuyer sur celui-ci pour « ouvrir un débat sur la santé [13] ». À la suite de l’analyse des données recueillies auprès de 200 lesbiennes, les militantes dressent le constat que 70 % des lesbiennes ayant répondu n’ont pas de suivi gynécologique. Dans le premier numéro de La Feuille de consult’ un bulletin créé par le Groupe santé lesbienne en 1989, elles mettent en cause la « peur de l’examen [14] » et le manque d’information et d’intérêt pour une spécialité médicale qui serait « uniquement tourné[e] vers l’hétérosexualité : contraception, maternité, stérilité, interruptions volontaires de grossesse [15]… », envisagées comme autant de « “bonnes excuses” pour ne pas se soucier de la prévention de maladies graves, pour ne pas tenter d’en finir avec ses douleurs de règles [16] ». Adoptant l’optique de prévention propre à la discipline gynécologique, le groupe s’inquiète de ce constat et ouvre à partir de juin 1988 une consultation gynécologique mensuelle à destination des lesbiennes. Assurée par une gynécologue du Planning familial, elle vise à offrir « une autre forme de consultation gynécologique qui donnerait la possibilité d’être accueillie et de rencontrer d’autres lesbiennes [17] ». La consultation avec la gynécologue est précédée d’un Groupe d’accueil ouvert « à toute lesbienne qui désire avoir une réflexion collective sur la santé ». Il s’agit « d’y réfléchir sur “comment se réapproprier nos corps ?” et aussi d’y agir (apprendre à faire des frottis, la palpation des seins, essayer de se relaxer…) [18] ». Six mois plus tard, en janvier 1989, le groupe décide de « repenser la consultation et [de] l’élargir vers d’autres disciplines ». Pour ces raisons, la consultation reçoit aussi « une homéopathe-acupunctrice-phytothérapeute et une allopathe également acupunctrice [19] ».

7 En juin 1989, le deuxième numéro de La Feuille de consult’ fait état de la déception des membres face au désintérêt pour cette consultation. Un an après sa création, il est décidé d’y mettre un terme. La Feuille de consult’ continue cependant de paraître jusqu’en septembre 1991. Les articles la composant sont imprégnés d’un vocabulaire propre au self-help, qui met à distance l’optique préventive initialement adoptée par le Groupe santé lesbienne. On y trouve une référence à la pratique d’auto-examen, une critique de la médecine masculine et patriarcale, un appel à la « re-connaissance de son corps », une dénonciation de « la prise en charge à outrance par le médical de notre santé », ou encore des réflexions sur « le pouvoir médical ». On y voit aussi poindre la valorisation des thérapies dites alternatives et de la « réappropriation d’une médecine correspondant au plus près des besoins [des lesbiennes] [20] », le constat que « depuis la création du Groupe santé, [les lesbiennes du groupe prennent] davantage en main leur vie et donc leur santé [21] » et la critique de « la dépendance [au] savoir et [au] pouvoir médical [22] ». Il y est aussi fait mention du « droit, de refuser un examen, de demander une explication, d’exprimer notre demande », ainsi que des « violences médicales et sexistes ». Ces numéros semblent ainsi constituer une première étape de la mise en forme contemporaine d’un discours sur les « violences gynécologiques [23] » et sont imprégnés d’un cadre référentiel issu de l’influence diffuse du self-help sur le féminisme français.

8 Ces différents éléments donnent à voir l’émergence d’une problématisation proprement lesbienne de la santé qui comporte deux volets principaux. En premier lieu, l’idée que les enjeux de santé ne sont pas les mêmes pour les lesbiennes que pour les femmes hétérosexuelles. C’est ce que montre cet extrait :

9

Et nous, lesbiennes, marginales par excellence, parce que non nommées, non « répertoriées », non « écrites », dans le domaine de la santé, ne pouvons trouver les informations, conseils… pour notre corps ; car le corps lesbien n’est pas le « corps femme » pas les mêmes vies – quotidiennes, érotiques –, pas les mêmes choix ; donc pas les mêmes plaisirs – stress – maladies…, pas les mêmes symptômes physiques ou psychologiques ; pas les mêmes causes en tout cas ! Alors, souvent nous ne participons pas à cette folie actuelle qu’est la prise en charge à outrance par le médical de notre santé et nous délaissons le minimum faute de trouver une écoute véritable [24].

10 En second lieu, une critique lesbienne du pouvoir médical et de la manière dont il s’exerce sur leurs corps. La Feuille de consult’ est l’occasion de diffuser des témoignages de lesbiennes sur leurs expériences dans les cabinets médicaux et gynécologiques et de proposer une première problématisation des violences médicales spécifiques dont sont l’objet les lesbiennes. C’est le cas du témoignage suivant :

11

Je me redresse et demande [au gynécologue], en termes strictement médicaux, s’il veut me refaire un examen gynéco. Il me répond : « je sais bien que je serais un des rares hommes à avoir le privilège de vous pénétrer » […] Je me suis sentie violée […]. Je n’étais plus qu’un vagin qu’un homme devait pénétrer, parce que c’est tellement insupportable pour lui, pour eux, de penser qu’ils ne nous sont pas, à nous lesbiennes, indispensables [25].

12 Le self-help est investi comme une ressource pour contrer le désintérêt militant pour les questions de santé. Il invite les militantes à interroger à la fois l’invisibilisation des problèmes lesbiens dans la prise en charge gynécologique et la médicalisation croissante de leur santé à travers la montée en puissance du cadre préventif. La continuité du Groupe santé lesbienne et de ses initiatives avec le self-help a notamment été facilitée par le recrutement de ses militantes. Le cas de Danielle [26], très active au sein du Groupe santé lesbienne, en témoigne. Issue d’une famille de classe populaire (père ouvrier, mère secrétaire) politisée à gauche, Danielle a grandi dans une banlieue ouvrière de la région parisienne. Militante dans des organisations d’extrême gauche, elle participe au MLAC-18e avant de créer elle-même un MLAC dans un quartier populaire de la banlieue parisienne où elle réside. Elle y « accompagn[e] des avortements [27] ». Elle se souvient aussi avoir pratiqué l’auto-examen lors d’un séjour collectif dans les Cévennes alors qu’elle avait un peu plus de 20 ans. Mais sa trajectoire n’est pas isolée au sein du groupe : la plupart des militantes sont en effet passées par les MLAC ou des groupes femmes au sein desquels elles ont été inititées, de manière plus ou moins intensive, à une critique pratique du pouvoir médical sur la santé des femmes.

En Suisse, les conditions de la non-problématisation lesbienne de la santé

13 L’adaptation du self-help en Suisse connaît un sort différent. Si, comme ailleurs en Europe, le self-help n’a pas donné lieu à un mouvement social structuré de santé, l’acclimatation du self-help y a néanmoins été considérablement plus soutenue qu’en France. À Genève en particulier, le self-help connaît une trajectoire remarquable, notamment parce que l’importation du self-help donne lieu à l’ouverture du dispensaire des femmes (1978-1987), la seule clinique féministe francophone en Europe sur le modèle des Feminist Women’s Health Clinics états-uniennes. Alors même que Genève a constitué un environnement plus favorable que le contexte français à une appropriation du self-help par les militantes lesbiennes, l’institutionnalisation du self-help au sein du dispensaire des femmes a finalement empêché l’émergence d’une problématisation spécifiquement lesbienne de la santé et du pouvoir médical.

14 Le Mouvement de libération des femmes (MLF) genevois est né au cours de l’année 1971. À l’instar des mobilisations féministes européennes de l’époque, il se saisit dès ses débuts de la question de l’avortement libre [28]. Depuis 1942 en Suisse, l’avortement constituait un délit pénal au niveau national, sauf si la grossesse représentait un danger grave et permanent sur la santé ou la vie de la femme enceinte. Au cours des années 1960, les cantons les plus progressistes, parmi lesquels le canton de Genève, ont adopté une définition de plus en plus large de la notion de santé – y incluant la santé mentale et le bien-être psychique – et « faisaient une interprétation très libérale des indications médicales autorisées par le code pénal de 1942 [29] ». Les Genevoises ayant déjà un accès facilité à l’avortement, elles adoptent très tôt une conception élargie du principe de libre disposition de leur corps par les femmes. C’est notamment ce qui apparaît dans le tract qui annonce la venue à Genève de Carol Downer et Debra Law lors de leur tournée européenne. Diffusé en octobre 1973, ce texte lie intimement le thème de l’avortement aux libertés reproductives et au « monopole du savoir médical » :

15

Libérer nos corps ou libérer l’avortement ? La lutte pour la liberté de l’avortement est en train de prendre un sens nouveau. En effet, dans de nombreux pays, les lois concernant l’avortement ont été libéralisées, ce qui a permis à de nombreuses femmes de voir que l’avortement n’est qu’un aspect du contrôle de leur corps. Il y a de nombreux autres moments de notre vie de femmes où nous sommes complètement à la merci des médecins. […] En brisant le monopole du savoir médical, nous devenons capables de revendiquer le type de contraception, soins, méthode d’avortement ou d’accouchement que nous voulons vraiment. […] Brisons les tabous concernant les organes sexuels et génitaux, à commencer par les nôtres. […] Nous voulons plus que le “droit” d’avorter. Nous voulons la possibilité effective d’être bien dans notre peau, d’avoir ou de ne pas avoir des enfants sans devoir payer en argent, en angoisse et en souffrance [30].

16 On décèle dans ce texte la construction du self-help comme l’outil privilégié à la fois pour l’accès à l’avortement libre, mais aussi, plus largement, pour remédier au monopole médical des savoirs et savoir-faire sur les corps féminins. Autrement dit, l’encadrement légal de l’avortement en Suisse, qui plaçait déjà l’acte sous la responsabilité des médecins, a constitué un terreau propice au développement d’une critique féministe de la médecine dont les revendications dépassent l’accès aux droits reproductifs.

17 À la suite de la démonstration d’auto-examen [31] réalisée par Carol Downer et sa comparse lors de leur visite à Genève, un groupe self-help constitué d’une petite dizaine de femmes alors âgées de 21 à 33 ans est créé au sein du MLF Genève. Pendant près de deux ans, le groupe entreprend, dans une démarche collective propre au self-help, d’élaborer un ensemble de savoirs sur la santé et les corps et participe à la circulation de ces pratiques et savoirs au niveau local et national. Plusieurs militantes lesbiennes font partie de ce groupe. En parallèle, le Groupe lesbiennes du MLF, créé en 1972, se saisit lui aussi de l’auto-examen et du self-help. Maryse me raconte ainsi :

18

Moi de mon côté j’étais à l’époque dans les tout débuts du mouvement lesbien, du coup ça faisait encore un interdit de plus à franchir et une maîtrise de plus à avoir. Donc c’est quelque chose qui m’a motivée aussi d’avoir un rapport aux gynécos où on n’était pas soumises [32].

19 Contrairement à ce qui se passe alors en France, l’adoption d’un cadre élargi d’appréhension du principe de libre disposition du corps au sein du MLF Genève semble faciliter l’appropriation du self-help par les militantes lesbiennes.

20 Pourtant, l’institutionnalisation du self-help sous la forme du dispensaire des femmes n’a pas permis l’émergence d’un point de vue lesbien sur la santé et sur le pouvoir médical. C’est dès 1976 que le groupe self-help genevois se transforme en Groupe dispensaire dans l’optique de créer une structure sur le modèle des cliniques de santé des femmes états-uniennes. La première mention d’un projet de création d’un « service de femmes pour les femmes » à Genève se trouve dans un texte daté du 30 novembre 1975 signé par Reine, une militante lesbienne du groupe self-help. Ce texte atteste du refus précoce à Genève d’une tactique fondée sur la pratique profane des avortements selon la méthode Karman. Il s’agit alors de créer un « collectif de femmes médecins [ou] infirmières [33] » commençant à pratiquer l’avortement dans les cantons progressistes. À la fin de l’année 1976, Reine, alors infirmière, renouvelle plus formellement l’invitation à participer à un tel projet collectif. Elle revient alors d’un voyage de plusieurs mois aux États-Unis, lors duquel elle a notamment rencontré le collectif à l’origine de Our Bodies, Ourselves et visité des Feminist Women’s Health Centers. Elle a aussi effectué un stage au sein du Women’s Health Service de Colorado Springs. Dans le document qu’elle écrit pour l’occasion, Reine se dit « encore plus déterminée à travailler à l’ouverture d’une clinique féministe en Suisse [34] ». Dans ce texte, elle propose une limitation stricte de la pratique abortive au corps médical, tout en émettant un doute sur la possibilité de l’existence même de la pratique abortive au sein d’un tel projet.

21 À la suite de ce texte, le collectif pour travailler à la création du dispensaire est créé. Il réunit des membres du groupe self-help, du groupe avortement du MLF Genève, ainsi que des « professionnelles critiques [35] » (infirmières et sages-femmes). Malgré les réserves exprimées par Reine, la question de la pratique de l’avortement acquiert une place centrale dans le projet. Joséphine se souvient qu’il s’agissait de fournir aux femmes un lieu où l’avortement serait réalisé selon les conditions exigées par le MLF afin de leur permettre d’« avoir une expérience positive par rapport à ça ». Ces différences de positionnement par rapport à la pratique de l’avortement peuvent notamment s’expliquer par les origines sociales des militantes. Reine et Joséphine, à l’instar de nombreuses membres du collectif de création du dispensaire, sont toutes les deux issues des classes supérieures – le père de Reine est banquier, celui de Joséphine est médecin. Elles ont aussi toutes les deux été formées au travail de santé – Reine est infirmière, Joséphine psychologue. Pour autant, elles n’ont pas politisé l’avortement de la même manière. Joséphine, hétérosexuelle, en est venue à s’engager dans le groupe de travail pour la création du dispensaire via le groupe avortement, au sein duquel elle a milité pour un meilleur accès à l’interruption de grossesse et de meilleures conditions de réalisation de l’acte. Au contraire, Reine a fréquenté assidûment, en plus du groupe self-help, le groupe lesbien du MLF genevois. Ce groupe a fait de l’affirmation de l’homosexualité un autre moyen de lutter pour la réappropriation du corps et de la sexualité, au-delà du seul enjeu de l’avortement [36]. Dans un tract rédigé en 1972, les lesbiennes écrivent ainsi :

22

L’homosexualité n’est pas un thème prioritaire de la lutte des femmes, mais il traverse tous les problèmes de la lutte des femmes. Il faudra en parler comme d’une alternative réelle et possible à la contraception, à l’avortement, à la sexualité-reproductrice-génitocentrée-dirigée-par-l’homme, à la famille, etc. [37]

23 Les tensions apparues au sein du MLF genevois sur la question de l’homosexualité suite au constat du désintérêt et du manque de solidarité des hétérosexuelles se sont cristallisées sur l’avortement. Si ce dernier a été un enjeu fédérateur au sein du MLF, les militantes du groupe lesbiennes ont néanmoins critiqué les militantes hétérosexuelles pour ne pas leur avoir retourné la solidarité sur une problématique qui ne les concerne pas directement. Le tract cité ci-dessus continue ainsi : « Nous acceptons bien le slogan “Nous sommes toutes des avortées”, qu’en est-il de : “Nous sommes toutes des lesbiennes ?” [38] » Les différences de positionnement des militantes sur la question de la pratique de l’avortement au sein du groupe de travail pour la création du dispensaire sont ainsi façonnées par des rapports politiques différenciés à l’avortement, lesquels sont en partie tributaires de positions différentes dans les hiérarchies sociales liées à la sexualité. Pour diverses raisons, dont ces désaccords, l’avortement ne sera finalement jamais pratiqué au sein du dispensaire des femmes, qui ouvre ses portes à Genève en mai 1978 [39].

24 Le dispensaire constitue la seule expérience d’institutionnalisation du self-help sur le modèle des cliniques féministes américaines en Europe francophone. Pendant près de dix ans, ce centre promeut la « démédicalisation » de la santé des femmes et propose en conséquence des consultations fondées sur le principe de redistribution des savoirs des expertes vers les profanes. En pratique, plusieurs stratégies sont mises en œuvre : la mise à disposition d’ouvrages et de brochures informatives dans les espaces communs du dispensaire, notamment sur les moyens de contrôler les naissances ; la proposition faite aux usagères de poser le spéculum par elles-mêmes lors de la consultation et l’apprentissage de l’autopalpation de la poitrine ; l’extension de la durée de consultation pour permettre la transmission d’informations ; la présence de deux travailleuses du dispensaire à chaque consultation, dont une non-médecin ayant pour rôle de rendre accessible le vocabulaire médical aux consultantes ; l’extension de l’offre des traitements par la proposition systématique d’un traitement allopathique et d’un traitement « alternatif » (homéopathie, phytothérapie, acupuncture) ; l’organisation de groupes thématiques d’information et de discussion, dans la lignée du self-help.

25 Si le contexte suisse a été plutôt favorable à une appropriation du self-help par les lesbiennes, le dispensaire genevois n’a pas constitué un terrain particulièrement favorable pour penser la spécificité de la santé des lesbiennes et retravailler ainsi la critique du pouvoir médical d’un point de vue proprement lesbien. Des éléments dénotent certes une attention à la manière dont les rapports sociaux liés à la sexualité, au même titre que ceux liés à l’âge ou à l’appartenance raciale, façonnent la prise en charge en santé. Par exemple, alors que le dispensaire a été rapidement contraint dans sa capacité d’accueil du fait de son succès, l’équipe a décidé de limiter les nouvelles demandes aux femmes considérées les plus vulnérables face au corps médical, et parmi elles les lesbiennes :

26

Malheureusement le DF [dispensaire des femmes] ne peut plus accepter de nouvelles usagères, l’effectif ayant atteint son maximum. Nous faisons pourtant des exceptions pour les adolescentes, les femmes ménopausées, les lesbiennes, les prostituées et les femmes de couleurs et du tiers monde [40].

27 Pour autant, la thématisation des liens entre santé, pouvoir médical et lesbianisme est restée embryonnaire. À titre d’exemple, aucun des groupes thématiques d’information et de discussion organisés au sein du dispensaire dans le souci de redistribuer les savoirs experts et de valoriser les savoirs profanes n’a porté sur ces questions. Comme le résume Andrée-Anne, « les travailleuses homosexuelles du dispensaire […] avaient à défendre aussi leur statut, mais c’était pas ça du tout qui était mis en avant dans le dispensaire [41] ». La mise en sourdine des préoccupations lesbiennes peut s’expliquer par le fait qu’au sein du collectif ce sont bien plus les rapports de pouvoir liés à l’appartenance professionnelle (travailleuses « médicales » d’un côté, « non médicales » de l’autre) qui ont été problématisés que ceux liés à la sexualité. Les travailleuses lesbiennes, sans formation médicale, ont surtout été en quête de reconnaissance professionnelle de leurs savoirs sur les corps et la santé, en particulier face aux médecins du dispensaire. Elles ont ainsi choisi de se former à des médecines dites « alternatives » (acupuncture, physiothérapie, aromathérapie, homéopathie, etc.), à l’instar des travailleuses hétérosexuelles sans formation médicale et ce afin de réduire les hiérarchies entre médecins et non-médecins. Contrairement à ce qui s’est passé au sein du Groupe santé lesbienne en France, constitué à la fois exclusivement de lesbiennes et de non-médecins, les conditions organisationnelles du dispensaire n’ont pas permis l’élaboration d’une critique lesbienne du pouvoir médical.

28 L’enjeu de l’avortement a été central tant dans les différences de réception du self-help à Paris et à Genève au début des années 1970 que dans les différences d’appropriation de ce courant critique par les militantes lesbiennes dans les deux villes. Facteur tant de rassemblement que de conflictualité dans les mobilisations féministes de l’époque, l’avortement faisait aussi l’objet d’un encadrement légal différencié dans les deux contextes étudiés qui a mené à une structuration différente des luttes féministes sur ces questions. C’est ce qui a plus ou moins favorisé l’adaptation de la critique féministe du pouvoir médical puis son appropriation – ou non par les militantes lesbiennes.

29 À Paris, la jonction du self-help avec les luttes pour l’avortement libre a conduit à associer le self-help à une préoccupation d’hétérosexuelles, ce qui n’a pas facilité l’appropriation du corpus de pratiques pour la reprise en main de leur corps par les lesbiennes. L’appréhension élargie du principe de libre disposition de leur corps par les femmes à Genève, permise par un encadrement légal de l’avortement plus souple, a au contraire soutenu l’émergence d’une critique féministe de la médecine centrée sur la libération des corps au-delà de la seule libération de l’avortement. Celle-ci a été plus favorable à un investissement du self-help par les lesbiennes, lesquelles y ont vu un moyen de plus de reprendre en main le contrôle de leur corps. Pour autant, alors que la réception du self-help à Genève a été plus favorable à son appropriation par les lesbiennes qu’en France, c’est paradoxalement à Paris et non à Genève que peut émerger une critique proprement lesbienne de la santé et du pouvoir médical. L’institutionnalisation du self-help à Genève sous la forme du dispensaire des femmes, au sein duquel des militantes lesbiennes se sont transformées en travailleuses pour la santé des femmes, n’a en effet pas permis l’émergence d’une critique du pouvoir médical depuis un point de vue lesbien. Au contraire, la non-mixité lesbienne au sein du Groupe santé parisien a été plus favorable à l’élaboration d’une problématisation proprement lesbienne de la santé.


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Date de mise en ligne : 05/12/2023

https://doi.org/10.3917/disp.bouva.2023.01.0085

Notes

  • [1]
    Kathy Davis, The Making of Our Bodies, Ourselves. How Feminism Travels Across Borders, Durham, Duke University Press Books, 2007.
  • [2]
    Michelle Zancarini-Fournel, « Notre corps, nous-mêmes », in Éliane Gubin et al., Le Siècle des féminismes, op. cit., p. 209.
  • [3]
    Sandra Morgen, Into Our Own Hands. The Women’s Health Movement in the United States, 1969-1990, New Brunswick, Rutgers University Press, 2002, p. 3.
  • [4]
    Hannah Grace Dudley Shotwell, Empowering the Body. The Evolution of Self-help in the Women’s Health Movement, thèse en philosophie, Greensboro, University of North Carolina, 2016, p. 2.
  • [5]
    Clara Jourdan, Insieme Contro. Esperienze dei consultori femministi, Milan, La Salamandra, 1976 ; Ilse Lenz (dir.), Die neue Frauenbewegung in Deutschland : Abschied vom kleinen Unterschied Eine Quellensammlung, Wiesbaden, VS Verlag für Sozialwissenschaften, 2008 ; Vanessa D’Hooghe, « Spéculum, miroir et identités : le self-help gynécologique à Bruxelles dans les années soixante-dix », in Vanessa D’Hooghe et Julie De Ganck, Regards sur le sexe, Bruxelles, Éditions de l’université de Bruxelles, 2013, p. 143-156 ; Lucile Ruault, Le Spéculum, la Canule et le Miroir. Les MLAC et mobilisations de santé des femmes, entre appropriation féministe et propriété médicale de l’avortement (France, 1972-1984), thèse en science politique, université Lille 2, 2017.
  • [6]
    Pour ce faire, il s’appuie sur l’étude des archives du Mouvement de libération des femmes et du dispensaire des femmes à Genève et des archives du Groupe santé lesbienne déposées au sein des Archives recherches et cultures lesbiennes à Paris. Ce volet est complété par 13 entretiens avec des militantes s’étant investies dans ces différents groupes des années 1970 au début des années 1990.
  • [7]
    Lucile Ruault, Le Spéculum, la Canule et le Miroir…, op. cit., p. 692.
  • [8]
    Idem, p. 688.
  • [9]
    Lucile Ruault, « La circulation transnationale du self-help féministe : acte 2 des luttes pour l’avortement libre ? », Critique internationale, n° 70, 2016, p. 37-54.
  • [10]
    Lucile Ruault, Le Spéculum, la Canule et le Miroir…, op. cit., p. 703.
  • [11]
    Michèle, née en 1952, MLAC, puis Saphonie, Groupe santé lesbienne, Paris, juillet 2017.
  • [12]
    « Questionnaire sur la santé des lesbiennes », non daté (1986), archives, recherches, cultures lesbiennes (ARCL).
  • [13]
    Idem.
  • [14]
    La Feuille de consult’, nº 1, 1989, ARCL.
  • [15]
    « Vous avez dit : consultation gynécologique pour lesbiennes ??? », non daté (environ 1986), ARCL.
  • [16]
    La Feuille de consult’, nº 1, op.cit.
  • [17]
    Idem.
  • [18]
    Brochure de présentation de la consultation gynécologique pour lesbiennes, non datée (1988), ARCL.
  • [19]
    La Feuille de consult’, nº 1, op. cit.
  • [20]
    La Feuille de consult’, nº 3, 1989, ARCL.
  • [21]
    Idem.
  • [22]
    La Feuille de consult’, nº 5, 1990, ARCL.
  • [23]
    Lucile Quéré, « Luttes féministes autour du consentement. Héritages et impensés des mobilisations contemporaines sur la gynécologie », Nouvelles Questions féministes, vol. 35, n° 1, 2016, p. 32-47 ; Virginie Rozée et Clémence Schantz, « Les violences gynécologiques et obstétricales : construction d’une question politique et de santé publique », Santé publique, vol. 33, n° 5, 2021, p. 629-634.
  • [24]
    Michèle Larrouy, « Santé-maladie : peur et attraction ?… », La Feuille de consult’, nº 2, 1989, ARCL.
  • [25]
    Dominique Baruch, « Témoignage », La Feuille de consult’, nº 1, op. cit.
  • [26]
    Son prénom est anonymisé.
  • [27]
    Entretien avec Danielle, née en 1952 (MLAC, puis Saphonie, Groupe santé lesbienne), Paris, juillet 2017.
  • [28]
    Kristina Schulz et Leena Schmitter, « Women’s Liberation and the “Right to Choose”. Struggling for Abortion in the United Kingdom and Switzerland », in Silvia De Zordo, Joanna Mishtal, et Lorena Anton (dir.), A Fragmented Landscape. Abortion Governance and Protest Logics in Europe, New York et Oxford, Berghahn, 2017, p. 66-82.
  • [29]
    Isabelle Engeli, Controverses, décisions et politiques de la reproduction : une comparaison des politiques d’avortement et de procréation médicalement assistée en France et en Suisse, thèse en science politique, université de Genève et université Pierre Mendès France, 2007, p. 257.
  • [30]
    « Réunion avec les femmes des U.S.A », 1973, Archives contestataires, MLF-GE/S4/SS8.
  • [31]
    Maryelle Budry et Edmée Ollagnier, Mais qu’est-ce qu’elles voulaient ? Histoires de vie du MLF à Genève, Lausanne, Éditions d’en bas, 1999, p. 126.
  • [32]
    Maryse, née en 1945, février 2017.
  • [33]
    « Avortement : impasse ou peut-être la rupture ? », 30 novembre 1975, Archives contestataires, MLF-GE/S4/SS35/D56.
  • [34]
    « Pour la création d’une clinique féministe », non daté (1976), Archives contestataires, MLF-GE/S4/SS35/D56.
  • [35]
    Rina Nissim, Une sorcière des temps modernes. Le self-help et le mouvement femmes et santé, Genève, Éditions Mamamélis, 2014, p. 26.
  • [36]
    Sylvie Burgnard, Produire, diffuser et contester les savoirs sur le sexe. Une socio-histoire de la sexualité dans la Genève des années 1970, Berne, Peter Lang, 2015.
  • [37]
    Sappho l’faire, « Quelques remarques sur l’homosexualité, qui finiront bien un jour par former un tout cohérent ! », Genève, décembre 1972, retranscrit dans Pirouette et Girouette, « Zazie dans le rétro », CLIT 007, nº 8, septembre 1983, p. 15.
  • [38]
    Idem.
  • [39]
    Plusieurs facteurs expliquent cet état de fait, au premier rang desquels l’impossibilité des militantes à trouver des médecins formées aux techniques d’avortement et souhaitant le pratiquer.
  • [40]
    « Le dispensaire des femmes », non daté (environ 1980), Archives contestataires, MLF-GE/S4/SS35/D56.
  • [41]
    Andrée-Anne, année de naissance inconnue, infirmière au dispensaire des femmes, décembre 2016.

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