Souvent associés dans la pratique clinique, les troubles anxieux et les troubles dépressifs constituent des entités « cousines », mais réellement distinctes. Les classifications psychiatriques modernes permettent de fixer un cadre nosographique assez précis et de rendre plus rigoureuses les approches sémiologique, diagnostique et thérapeutique des situations fréquentes de comorbidité entre ces deux catégories. Elles ont aussi permis de recueillir des données épidémiologiques et cliniques riches sur la fréquence des associations, leurs facteurs de risque et leur impact. L’intérêt de cette question apparaît alors nettement : si les troubles anxieux constituent des facteurs clairs d’augmentation du risque dépressif, et si la comorbidité qui en résulte aggrave le pronostic des patients concernés, les enjeux thérapeutiques et surtout préventifs deviennent très importants.
Nous présenterons et discuterons les données disponibles sur l’association entre troubles anxieux et dépressifs catégorie par catégorie, car des disparités peuvent exister. Nous insisterons cependant au préalable sur des aspects généraux et, notamment, sur les précautions à prendre dans l’interprétation de ces données, du fait de problèmes psychopathologiques et méthodologiques parfois délicats à résoudre.
Que ce soit dans la pratique clinique ou dans les travaux de recherche, l’analyse des rapports entre troubles anxieux et dépressifs pose un certain nombre de problèmes liés à la proximité des symptômes en cause et à leur « communauté de destin » dans bien des cas…