Par analogie avec le premier travail de relecture du panoptisme par Deleuze, on pourrait commencer par dire que les évolutions des Surveillance Studies s’apparentent à une série ininterrompue de « post-scriptum ». Comme on l’a vu, en effet, au chapitre 3, Deleuze fait progresser le modèle foucaldien des « disciplines » en prenant en considération les dernières modifications du sujet (devenu « dividuel ») à l’ère des nouvelles technologies : c’est ainsi qu’il propose de parler de « société de contrôle ». De la même manière, la prégnance des descriptions empiriques conduit le champ à prendre en compte les actualisations incessantes de son objet. On pourrait ainsi considérer que la réflexion a successivement intégré les questions et les événements récents suivants : les puces RFID, la géolocalisation, l’hégémonie de Google, l’essor des réseaux sociaux, le Big Data, les scandales du type Cambridge Analytica, l’économie des plateformes, le phénomène #Metoo, les débats sur la reconnaissance faciale, le mouvement Black Lives Matter. On se doute bien que la liste est ouverte, cumulative, et ne fera que s’intensifier dans les années qui viennent.
L’ensemble de ces facteurs de renouvellement est éclairant car, tout en validant le tournant technologique et numérique de la « nouvelle surveillance », il ouvre néanmoins ce champ à des études non uniquement « organisationnelles » mais aussi nourries des pratiques sociales des individus eux-mêmes. La prise en compte de la complexité des situations est parallèle à la prise de distance progressive avec certains modèles initiaux…
Mise en ligne 10/08/2021