L’intense activité scientifique dont font preuve les institutions psychanalytiques, l’intense activité de conférences et de publications de nombreux psychanalystes obéissent à d’autres raisons que la pure communication du savoir scientifique et la transmission des connaissances. Sinon, que ne saurait-on pas de l’inconscient et de la vie de l’esprit ? La cause principale de cette activité doit être cherchée ailleurs, dans le besoin que les psychanalystes ressentent légitimement de partager avec d’autres non ce qu’ils savent, mais tout le champ de conjectures dans lequel s’inscrivent leur théorie et leur pratique. Ainsi s’explique l’importance des échanges oraux (conférences, panels, tables rondes et congrès de toutes sortes). Les publications sont très souvent la trace écrite de ces échanges. L’œuvre de Freud abonde en textes qui revêtent une forme adoptant le style d’un débat oral, d’une conférence, d’un dialogue imaginaire ou d’une correspondance avec un tiers. Bref, c’est le débat entre praticiens qui est au cœur de la vie scientifique en psychanalyse, et ce d’autant plus si nous prenons en compte le pluralisme des écoles.
Les psychanalystes sont-ils, mieux que d’autres, préparés à cette pratique du débat ? C’est peut-être ce que les premiers d’entre eux pensaient. En 1912, Sandor Ferenczi, dans une allocution qu’il prononçait pour favoriser la création de l’Association psychanalytique internationale, bien que sans illusion sur la qualité du débat entre les hommes, énonçait l’hypothèse que les psychanalystes, une fois « guéris » de leurs névrose…