Les confrontations entre théories sont nécessaires à la constitution éventuelle de la psychanalyse comme science. R. Bernardi fait cette proposition attractive dans un article que nous allons commenter. Cependant, dans l’élaboration des champs argumentatifs communs et de leurs méthodes d’évaluation, il nous semble nécessaire de considérer la dimension historique des idées, élaborée après coup, dans leur rapport à la vérité scientifique. Les dialogues du Rio de la Plata eurent lieu en 1972 à Buenos Aires avec M. et O. Mannoni à la Société uruguayenne de psychanalyse autour de Serge Leclaire. Leur analyse permet aujourd’hui de mettre en évidence les idéologies scientifiques du kleinisme et du lacanisme d’alors.
Pour mieux saisir la teneur de ces échanges, nous allons au préalable nous attacher à décrire le parcours des idées de Melanie Klein en Argentine. Le kleinisme se révèle alors en crise institutionnelle, scientifique et idéologique et sa pensée oriente les dialogues de 1972. Le dernier dialogue présente l’apparence d’un échec selon R. Bernardi, mais en psychanalyse ce terme a-t-il vraiment un sens ?
En 1942, à Buenos Aires, quatre psychanalystes hommes âgés de 33 et 39 ans ont pour projet de fonder l’Association psychanalytique argentine (APA). Une femme analyste arriva alors que les bases étaient déjà établies. C. Carcamo, né en Argentine en 1903, étudie la psychiatrie à Paris avec Henry Claude et fait une analyse avec Paul Shiff, puis est admis à l’Institut de psychanalyse de Paris…