La mise en abyme répond à une double visée pour chaque auteur qui l’emploie :
1) inclure une œuvre en miniature qui reprend l’œuvre elle-même ;
2) réfléchir aux conditions d’énonciation de l’œuvre en jouant de la réflexivité.
Inconnue des traités de poétique antiques, la mise en abyme est une notion héritée du vocabulaire héraldique. Il s’agit d’une expression désignant le procédé d’inclusion, sur le blason ornant un bouclier de chevalier, de la reproduction de ce blason même apposé sur le bouclier : c’est ainsi que se définissent une représentation de la représentation et un jeu de réflexivité où une œuvre première inclut une œuvre seconde qui reflète l’œuvre première.
La notion héraldique devient une catégorie poétique en 1893 quand, préparant son récit Paludes qui est le récit d’un romancier qui cherche à écrire un récit s’intitulant… Paludes, André Gide (1869-1951) écrit dans son Journal l’observation suivante : « J’aime assez qu’en une œuvre d’art on retrouve ainsi transposé, à l’échelle des personnages, le sujet même de cette œuvre par comparaison avec ce procédé du blason qui consiste, dans le premier, à mettre le second en abyme. »
Plus largement, la mise en abyme devient, notamment dans les années 1970 avec Lucien Dällenbach, une catégorie poétique pour rendre compte des récits spéculaires.Il existe deux types de mise en abyme.
C’est la mise en abyme la plus célèbre. Elle consiste dans un roman à reproduire une œuvre en la rhématisant, c’est-à-dire en la déclinant à l’intérieur de l’œuvre même…
Date de mise en ligne : 30/05/2022