À la différence des États-Unis ou de la Grande-Bretagne, les
questions « raciales » restent très largement un « impensé »
scientifique pour les chercheurs français en sciences sociales et,
de fait, les travaux en langue anglaise sur les questions de « race »
restent, jusqu’à une période récente, mal connus en France. Je
voudrais combler en partie cette lacune en présentant un secteur de
la recherche très dynamique aux États-Unis, mais dont on n’a reçu
quasiment aucun écho en France : celui des études sur la whiteness.
Le mot whiteness lui-même est d’ailleurs presque impossible à
traduire (blancheur ? blanchité ? blanchitude ?) et il me semble qu’il
existe un malentendu qui tend à provoquer une méfiance a priori
vis-à-vis de l’usage d’un tel concept : alors même que l’expression
« whiteness studies » peut laisser penser que les auteurs qui se
réclament d’un tel courant sont engagés dans une entreprise de
réification ou, pire, de promotion de « l’identité blanche », la
quasi-totalité d’entre eux revendiquent en fait une vision
« constructiviste » qui vise à la fois à « déconstruire » et
« dénaturaliser » la catégorie « blanc » (notamment par une
démarche historique, mais aussi en en soulignant la diversité
interne à cette catégorie) et à dénoncer les privilèges dont
bénéficient les Blancs. Il s’agira donc dans ce texte de présenter
à grands traits les orientations générales de ce courant aux États-Unis, dont je suggérerai la fécondité potentielle dans le cadre
français.
Les premiers ouvrages faisant spécifiquement référence au
concept d…