Apparue depuis une vingtaine d’années, la psychologie évolutionniste est devenue un cadre conceptuel général pour de nombreux travaux en psychologie et en anthropologie. Elle suggère de nouvelles perspectives et des réaménagements théoriques dans la plupart des branches de la psychologie et même des sciences humaines : de la psychologie du développement à la psychologie sociale en passant par la psychopathologie ou la linguistique.
En quelques mots, la psychologie évolutionniste aborde le psychisme et la cognition dans la perspective de l’évolutionnisme darwinien. L’esprit est vu comme un ensemble de capacités modelées au cours de l’évolution, capacités qui peuvent être conçues comme des adaptations, c’est-à-dire des dispositions sélectionnées par l’environnement durant la longue période d’hominisation, au Pléistocène, période la plus longue de l’existence d’Homo sapiens sapiens et dont on peut supposer qu’elle a forgé dans ses grandes lignes les humains que nous sommes.
Formulée d’abord par les essais programmatiques de Cosmides et Tooby, exposée dans diverses applications dans leur somme, défendue par de célèbres scientifiques d’horizons disciplinaires différents tels que Steven Pinker ou David Buss, embrassée en France par l’anthropologue Dan Sperber, la psychologie évolutionniste hérite certes de la sociobiologie promue par Edward Wilson, Robert Trivers et Richard Alexander dans les années 1970. Mais au lieu de s’intéresser aux comportements, elle vise avant tout la cognition humaine et en ce sens revendique une pertinence certaine pour la plupart des branches de la psychologie…