L’activité de quantifier, c’est-à-dire de « faire exister sous forme numérique ce qui, auparavant, était exprimé seulement par des mots et non par des nombres », est au fondement de beaucoup de sciences sociales. Parmi ces disciplines, nous pouvons citer par exemple la démographie et la sociologie. Moins évident encore : l’histoire a aussi utilisé, à certaines périodes favorables, la quantification.
La démographie analyse la taille et la structure des populations humaines. Elle étudie également leurs évolutions. Elle est l’une des sciences sociales dont le développement reste étroitement lié à l’usage des outils statistiques et des sources sur lesquelles on a coutume de les mettre en œuvre.
En 1662, la première de ces sources fut les bulletins de mortalité de la ville de Londres, eux-mêmes extraits des registres paroissiaux. Au milieu du xvii e siècle, John Graunt, drapier londonien, s’est emparé de la mort comme objet et a ainsi mis à mal un certain nombre de superstitions. Par exemple, on pensait « que Londres, la plus grande ville du monde, avait entre deux et six millions d’habitants ; que les épidémies de peste coïncidaient avec l’avènement des rois et que la population diminuait, etc. ». Au contraire, John Graunt a montré que malgré la peste, la population de Londres n’a cessé de croître et qu’à cette époque elle n’excédait pas les 384 000 habitants. Comment est-il parvenu à une telle démystification ? D’abord, John Graunt a collecté l’information sur les naissances, les décès et leurs causes dans les bulletins paroissiaux…
Date de mise en ligne : 12/06/2015