À la différence des humanistes qui pratiquent le culte et la culture de l’Antiquité grecque et latine, avec un zèle et une ferveur appliqués aux textes aussi bien qu’aux idées, les artistes italiens de la Renaissance s’orientent vers une conception neuve de l’univers des sentiments et des formes. Les uns et les autres, il est vrai, poursuivent la recherche d’une beauté exemplaire, d’une beauté en soi, exempte des variations du goût, dont la perfection serait attachée à la nature même de l’objet où se réaliserait le mariage heureux de la matière et de l’esprit. Cette perfection, à la fois idéelle et formelle, résulterait de sa consonance à un certain prototype existant sur le plan des Idées, comme le voulait Platon, dont l’esthétique des Anciens, dans le domaine de la théorie et dans celui de l’action créatrice, aurait donné une fois pour toutes les modèles éternellement et immuablement valables, en fonction des lois fondamentales de structure dont il faut que les « modernes » dégagent les éléments et rendent à ceux-ci une actualité vivante.
Le mot même de Renaissance, qui définit aujourd’hui cette époque dans ses composantes principales et ses caractères universellement reconnus, n’a commencé d’être employé qu’au xvie siècle, c’est-à-dire à un moment où on pouvait la considérer, presque rétrospectivement, comme un phénomène historique, définissant un passé proche dont le présent s’inspirait encore, quoique Vasari qui, le premier, a prononcé ce nom, appartienne déjà au Maniérisme : comme si les grandes époques esthétiques scandant l’histoire des civilisations ne pouvaient véritablement être isolées dans le déroulement du temps, et désignées avec leur physionomie particulière, qu’après que leur processus constructif s’est achevé…
Mise en ligne 11/08/2020