Dans sa présentation au premier tome de cette collection, Jean-François Sirinelli rappelait : « Qu’entend-on ici par système politique ? Il s’agit de l’ensemble des institutions et des relations – juridiques ou autres – permettant la dévolution et l’exercice de ce que l’on appelle le pouvoir ou l’autorité, mais replacées de surcroît au sein des sociétés, des valeurs et des cultures qui les sous-tendent. Les systèmes politiques ainsi entendus incluent donc l’analyse des grandes constructions institutionnelles, mais également l’étude de leur soubassement social et culturel : le socle économique ou les rapports sociaux, assurément, mais aussi, et c’est là l’un des aspects essentiels de cette entreprise collective, les idéologies, les cultures politiques, les représentations et les valeurs. »
Une telle définition compréhensive des systèmes politiques, assurément convaincante, n’a pas toujours emporté l’adhésion chez les médiévistes. F.-L. Ganshof, dans un petit livre qui fit date, Qu’est-ce que la féodalité ?, rappelait l’opposition entre deux conceptions du terme. Dans une analyse juridique, celle qu’il avait choisie, la féodalité se définissait essentiellement comme un ensemble normatif, le « lien féodo-vassalique », envisagé sous ses deux espèces : le lien dit d’« homme à homme » fondé sur des rites de « fidélité » ou d’« hommage » créateurs de la relation de vassalité, et le lien proprement « féodal » reposant sur la concession d’une tenure à charge de service militaire, le « bénéfice » ou le « fief »…