Depuis l’indépendance, l’Ouzbékistan a effectué un parcours politique et économique placé sous le signe d’un régime présidentiel fort et de réformes graduelles. Sur le plan stratégique, après une « période américaine » qui avait vu l’ouverture d’une base militaire dans la région méridionale de Karchi dans le cadre de l’intervention de l’OTAN en Afghanistan, le pays a opéré un revirement d’alliance. Cela s’est traduit par un retour vers la Russie et la Chine durant la seconde moitié des années 2000, en dépit des pressions politiques occidentales. État le plus peuplé d’Asie centrale, il n’est pas parvenu à occuper la place de leader régional qu’il convoitait après l’indépendance, contrairement au Kazakhstan, qui connaît un développement rapide fondé sur l’exploitation des matières premières et qui a su mieux répondre aux défis identitaires et géostratégiques.
Héritier des émirats ou khanats historiques de Boukhara, Khiva et Kokand, l’Ouzbékistan, indépendant depuis le 31 août 1991, se perçoit comme une puissance régionale dont le territoire, formé dans les années 1920 au cours de la soviétisation, coïnciderait avec le cœur de l’Empire de Tamerlan dont il a fait abusivement son ancêtre fondateur. Avec une population d’environ 28 millions d’habitants en 2010, il est officiellement en quête d’une identité ouzbékistanaise basée sur la concorde ethnique et religieuse pour donner un cadre juridique égalitaire à toutes les communautés du pays. Pourtant, il cultive de facto une « préférence ethnique » centrée sur la nationalité éponyme ouzbèke qui constitue 80 % de la population…