En France, des voix s’élèvent contre les dangers des écrans numériques depuis au moins 2013, notamment en réaction au rapport de l’Académie des sciences L’enfant et les écrans qui pointait les effets positifs considérables des écrans sur la formation de la pensée et l’insertion sociale des enfants et des adolescents. On entend régulièrement que les écrans rendent stupides, désocialisent, abrutissent, nous font sombrer dans l’addiction, abîment nos yeux, altèrent notre jugement, volent notre attention, détériorent la qualité de notre sommeil… Mais depuis 2017, un nouvel élément est apparu : il y aurait des liens entre la surexposition des jeunes enfants aux écrans et le risque d’apparition de troubles ressemblant à de l’autisme. Ce phénomène a été nommé « autisme virtuel ». Nous allons retracer l’apparition et le développement de la théorie de « l’autisme virtuel » causé par les écrans en France et chercher ce qui a pu inspirer la définition de ce nouveau risque. Ensuite, nous préciserons comment le contexte scolaire est utilisé pour justifier la réalité du risque « d’autisme virtuel » et aussi les conséquences de la médiatisation de ce dernier sur l’école. Enfin, en prenant appui notamment sur les travaux de Stanley Cohen et de Lilian Mathieu, nous tenterons de déterminer si « l’autisme virtuel » relève ou non de ce que ces chercheurs nomment une « panique morale ».En 2006 trois économistes américains publient une étude faisant un lien entre la télévision et l’autisme. Pour le dire rapidement, ceux-ci ont remarqué une corrélation géographique entre pluviométrie et nombre de cas d’autisme…