Couverture de PUF_NIEL_2010_01

Chapitre de Que sais-je ? / Repères

La révolution internet

Pages 3 à 10

Notes

  • [1]
    The World is Flat : A Brief History of the Twenty-First Century, Farrar, Straus & Giroux, 2005.

1Le fabuleux destin de l’internet a commencé en France comme partout dans le monde, au milieu des années 1990.

2En moins de dix ans, l’internet a bouleversé la vie quotidienne et la gestion des entreprises, a transformé les relations économiques et sociales, a modifié les rapports entre les pays et les hommes, il est devenu le média qui a connu la plus forte croissance de l’histoire de tous les moyens de communication.

3Après l’imprimerie, la radio et la télévision, une nouvelle révolution de l’information et de la communication est apparue avec Internet qui n’est pas un média comme les autres. En effet, il ne s’inscrit pas dans une simple logique de diffusion puisqu’il permet de recevoir mais aussi d’émettre. Cette particularité que l’on appelle l’interactivité est unique dans le monde des médias. Elle a profondément modifié les modes de communication entre les individus et a permis de créer de nouveaux liens sociaux, de susciter de nouveaux comportements, de mettre en place des communautés particulières. Au sein des entreprises, l’interactivité a aussi transformé la manière de communiquer avec le marché. À la communication unidirectionnelle s’est substituée avec Internet une communication bidirectionnelle : les internautes reçoivent certes des informations mais en fournissent aussi.

4D’une manière plus générale, on peut dire que l’internet a profondément modifié l’accès à l’information et au savoir à travers les moteurs de recherche consultables n’importe où dans le monde et sur n’importe quel sujet.

5Cette révolution technologique, qui ne cesse de se renouveler, a conduit à générer de nouveaux acteurs, à modifier les comportements, à créer de nouveaux langages et des rapports sociaux différents... et ce n’est pas fini : tous les jours, des innovations accentuent encore ces phénomènes.

6L’internet partout, l’internet n’importe où, l’internet pour tous, c’est en quelque sorte le slogan de ce nouveau mode de communication.

7Ainsi dans nos sociétés, on est passé du simple besoin d’informations qui consiste à mettre en relation des hommes et des événements, à un besoin de communication, c’est-à-dire à un échange d’informations entre les individus pour finalement aller vers un besoin de télécommunication en s’affranchissant des contraintes spatiales.

8Tous les acteurs sociaux agissent à présent dans un contexte transformé et ils ont besoin pour remplir leur fonction sociale, familiale, productive ou culturelle de plus en plus d’informations et de communication qui passent par Internet.

9Aujourd’hui, plus de 60 % des Français disposent d’un ordinateur à domicile et plus de la moitié (55 % précisément) ont accès à l’internet. En 2008 le nombre de connectés au Web a connu une croissance spectaculaire, plus de 2 millions de foyers se sont équipés d’une ligne Internet. Du jamais vu ! Et ce phénomène est identique ou presque dans tous les pays développés et se généralise progressivement dans ceux qui sont moins avancés.

10À la fin 2008, la France comptait plus de 32 millions d’internautes, ce qui représente une pénétration supérieure à 50 %. On rencontre des chiffres similaires dans toute l’Europe avec des pays très en avance comme la Scandinavie où l’on dépasse les 80 % et des pays encore peu équipés comme la Bulgarie avec un taux de pénétration de 20 % quand même.

11Selon une étude réalisée en septembre 2007 dans dix pays européens (Royaume-Uni, Allemagne, France, Espagne, Italie, Pays-Bas, Belgique, Norvège, Suède et Danemark) par l’eiaa, l’organisme européen représentant les régies publicitaires interactives, 57 % des Européens de ces pays, soit 169 millions d’habitants utilisent régulièrement Internet. Les internautes européens passent en moyenne douze heures par semaine sur le Web. Ce sont les Italiens qui surfent le plus, avec 13,6 heures, suivis des Suédois (13,0) et des Français (12,7), et ce sont les Hollandais avec 9,8 heures qui ferment la marche. L’étude dénombre dans ces dix pays 48,5 millions (29 %) de « gros utilisateurs » qui passent en moyenne 16 heures par semaine sur Internet, soit plus de deux heures par jour !

12Le constat le plus étonnant de cette étude porte sur la substitution de l’usage d’internet à celui des autres médias, en particulier chez les jeunes. Pour la première fois, les Européens âgés de 16 à 24 ans déclarent passer plus de temps sur Internet que devant la télévision. Ils sont 82 % à utiliser Internet entre cinq et sept jours par semaine contre 77 % à regarder la télévision avec la même fréquence, soit une diminution de 5 % en un an.

13La croissance d’internet en Europe s’explique aussi par son succès auprès des personnes âgées de plus de 55 ans dont le nombre a crû de 12 % depuis 2006, ainsi qu’auprès des femmes (+ 8 %).

14Ces travaux confirment qu’Internet est devenu un outil quotidien indispensable pour 83 % des internautes européens qui déclarent ne pas pouvoir vivre « sans au moins une activité en ligne », par ailleurs 32 % estiment qu’ils ne peuvent pas se passer de messagerie électronique et de ce fait 96 % déclarent pratiquer moins souvent une autre activité à cause d’internet.

15Après la recherche d’informations sur Internet (87 % des internautes) et la messagerie électronique (81 %), les réseaux sociaux (Social Networks) pour faire des connaissances, comme Musacées, Facebook ou Bebo, se trouvent désormais au troisième rang des activités en ligne les plus populaires. 42 % des internautes communiquent à présent de cette façon, au moins une fois par mois.

16L’étude montre enfin que les Européens ne peuvent plus se passer d’internet pour l’information et le divertissement. Presque deux tiers des internautes européens délaissent les autres médias en faveur d’internet, 40 % disent regarder moins la télévision, 22 % écouter moins la radio et 28 % lire moins les journaux. Ces médias traditionnels sont remplacés pour 65 % par la consultation de sites d’information en ligne au moins une fois par mois.

17Il faut ajouter que fin 2009, la spécialiste américaine du Web Mary Meeker a publié The Mobile Internet Report qui montre que, comme l’Internet mobile croît plus vite que l’Internet sur pc, dans moins de cinq ans, le nombre de connectés à un terminal portable sera plus important que celui de l’internet classique, et tout particulièrement dans les pays émergents. Le lancement de l’iPhone d’Apple en juin 2007 a précipité le mouvement et aujourd’hui les utilisateurs de ce nouveau terminal s’intéressent à de nouveaux usages puisque la voix ne représente que 45 % de leurs communications.

18Une autre enquête plus ancienne réalisée entre 2005 et 2006 auprès de plus de 800 experts par l’institut Pew Internet et American Life Project a permis d’établir une image de ce que pourrait être Internet au début de 2020. Cette étude, The Future of the Internet II, montre que le développement d’internet, dans les années qui viennent, devrait contribuer à améliorer notre civilisation mais soulever aussi de nombreux problèmes qui sont mis en évidence à travers six scénarios probables.

Un réseau global, bon marché et à très haut débit sera mis en place.

19Pour 56 % des personnalités interrogées, l’internet sera omniprésent sur la planète en 2020, atteignant selon certains experts jusqu’à 1 Gbit/s (1 000 Mbit/s) dans les réseaux sans fil. L’internet sera alors aussi banal et bon marché que l’électricité. Ce formidable essor sera dû en grande partie aux technologies sans fil (Wi-Fi, Wimax, etc.) qui accélèrent l’extension du réseau à de nouvelles zones souvent difficiles d’accès. Une extension bien moins coûteuse que celles proposées par les technologies filaires. Ainsi, les internautes pourront être connectés en permanence par leur téléphone mobile, leur ordinateur de bureau ou portable, leur assistant personnel (pda : Personnel Digital Assistant), en voiture, en train, en un mot n’importe où.

Le virtuel dans la vie quotidienne.

20Avec l’essor des outils de communication et des jeux, la réalité virtuelle va progressivement envahir notre vie. Pour 56 % des personnes interrogées, la plupart des salariés seront plus efficaces « en ligne » que dans les activités de la vie réelle. Cette analyse se fonde sur la dématérialisation croissante des tâches quotidiennes : formulaires administratifs, réunions virtuelles, gestion des projets, etc. Il y aura même des individus qui, par une sorte de phénomène de dépendance ou d’addiction, deviendront des intoxiqués du virtuel et qu’il faudra sans doute soigner.

Plus de limites physiques ou géographiques.

21Une majorité (52 %) estime que les repères et les frontières habituelles comme la nationalité, par exemple, vont disparaître au profit d’autres valeurs plus fondamentales comme les convictions : idéaux politiques ou religieux et/ ou les affinités, les passions communes. Un nouveau monde totalement décloisonné, « un monde plat » (« The World is Flat » comme l’écrit Thomas L. Friedman)  [1], pourrait voir le jour, où chaque individu aura sa chance et ne sera pas exclu de la compétition mondiale grâce à Internet.

L’anglais au-dessus de tout.

22Pour 57 % des sondés, l’anglais contrairement à ce que l’on croit souvent ne s’imposera pas comme langue standard dans Internet en tuant toutes les autres langues, car la majorité des internautes se cantonne à des échanges locaux ou nationaux. Même si l’anglais sera indispensable et de plus en plus utilisé, les internautes n’abandonneront pas pour autant leur langue maternelle.

Que restera-t-il de la vie privée ?

23Avec l’usage croissant des étiquettes électroniques (rfid), de la géolocalisation gps, de la numérisation des échanges, de l’identification biométrique et de la surveillance électronique, la préservation de la vie privée va être de plus en plus un sujet de débat, estiment 42 % des personnes interrogées.

Un monde dual.

24Pour près de 60 % des membres du panel d’experts – le plus fort consensus de l’étude – une petite partie de la population baptisée aux États-Unis « luddites et refuseniks », adeptes du ludisme, et hostiles à la technologie, rejettera en bloc la société de l’information. Ces cyberdissidents rechercheront la paix et la joie de vivre dans un autre contexte que celui du Web, certains mèneront des actions violentes (terroristes) contre des centres névralgiques (hébergeurs, centres de paiement, banques de données...), des menaces à prendre au sérieux.

25Il est clair que l’internet est aujourd’hui, et le sera encore plus demain, au cœur de nos sociétés. Il va sans aucun doute profondément influencer nos prises de décision, nos systèmes de relations et l’ensemble de nos modes de raisonnement.


Mise en ligne 01/04/2010

Notes

  • [1]
    The World is Flat : A Brief History of the Twenty-First Century, Farrar, Straus & Giroux, 2005.
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