Mais qu’est-ce donc qu’un fantasme sexuel ? Le dictionnaire Larousse dit : « Représentation imaginaire traduisant des désirs plus ou moins conscients. » D’autres sources parlent de « scénario érotique provoquant une excitation sexuelle », de « croyance irraisonnée », de « fixation mentale », de « sorte de rêve éveillé ». Vous ne voyez toujours pas ? En voici un exemple historique. Jean-Jacques Rousseau, le philosophe, rapporte que dans son âge tendre, il reçut deux fessées de la main de la demoiselle Lambercier, sœur de son tuteur. Miracle : chaque fois, le plaisir fut plus grand que la douleur… Sa vie sexuelle en fut très affectée : jouir, pour Rousseau, resta lié à cette scène, qu’il rappelait à sa mémoire ou même tentait de reconstituer en s’humiliant auprès des femmes qu’il séduisait, n’osant toutefois pas réclamer de front la salutaire déculottée. Plutôt que le simple produit d’une imagination vagabonde, le « fantasme » de Rousseau était donc lié à un épisode infantile vécu, dont le souvenir, dit-il, le hantera toute sa vie et le poussera à agir de manière embarrassante, au moins pour lui.
L’usage large qui est fait aujourd’hui, chez les spécialistes comme dans les médias, de la notion de « fantasme » recouvre des réalités assez variées. Leur unité tient en bonne partie à la méthode de leur recueil. Comment, en effet, connaît-on les fantasmes d’autrui ? Parce que les sujets se livrent à un examen plus ou moins spontané de leur vie sexuelle en réponse à des questions…