Ce qui caractérise la logique collective, c’est ce qui y circule. Ce titre est celui d’un séminaire que j’anime depuis trois ans à Montréal, dans la foulée des premières assises qui ont eu lieu ici à Paris.
J’aurais voulu vous parler en logeant mon dire dans le chapitre de la logique collective, mais il m’est apparu que le seul lieu d’où je pouvais parler était celui de ce piétinement à la fois impatient et obstiné « fo que ça finisse ». C’est pourtant la place d’analysante qui me semble la plus féconde pour ce travail de lecture, d’écriture, d’énoncés et d’énonciation auquel je me soumets dans ce séminaire.
Tous les mois, une fois, je m’expose au dérangement d’écrire.
Impossible pour ce travail de compter sur le travail en trop de la séance précédente. Ce qui a été écrit en trop la fois dernière n’est plus qu’un déchet, il n’y a de reprise possible que de là où des questions sont restées latentes. Il faut reprendre les choses quasi à neuf, à partir d’un seul cristal jamais transparent : ce qu’est devenue la question.
Je me coltine l’angoisse, le lent travail de dépouillement des oripeaux du maître. La peur de dire des bêtises, celle de me payer de mots, de dire des choses trop complexes… Mieux vaut retrouver le banal et s’en étonner… Pas si facile ! Lutter contre la jouissance, l’irrésistible désir de mort certes plus prégnant que celui de savoir… Entre le refus et la cession, là où la castration échoue, s’échoue, rendre les armes.
À chaque séminaire, je sais ce que je veux lire : vingt fois trop ; jamais assez…