En 1995, une bourse de recherche de l’université de Western Oregon m’a permis d’effectuer une enquête sur les rêves et leurs fonctions en Afrique de l’Ouest. En 1998, c’est grâce au support financier de l’université de Boise State que je suis partie en Guadeloupe pour compléter cette enquête. J’étais accompagnée, dans ces voyages, d’Ariel Glusman qui m’assistait pour contacter les personnes à interviewer et pour conduire les entrevues. Les gens, et surtout les vieux, que nous étions plus enclins à interviewer à cause de leur vaste connaissance traditionnelle, étaient prêts à partager leur expérience et leur savoir. En Afrique, les personnes appréciaient d’abord la distance parcourue, nous venions d’Amérique, pour leur poser des questions. En ce qui concerne la méthode, ces personnes n’ont manifesté aucune réticence à être enregistrées, puisque la civilisation orale prépare les gens au maniement de la parole. Il s’agit de leur savoir et de leur art. Notre méthode a consisté à approcher des gens de notre âge parlant français et à leur expliquer notre recherche. Ils demandaient alors à un de leurs grands-parents s’ils étaient prêts à nous accorder une entrevue et en quelques jours les détails pratiques étant résolus, la personne plus jeune nous conduisait auprès d’un grand-père ou d’une grand-mère, d’ailleurs pas nécessairement le sien ou la sienne. La personne jeune servait en général d’interprète ; parfois nous avions deux interprètes. Il est arrivé que nous rencontrions directement une personne âgée, mais alors le problème de trouver un traducteur s’est posé, et il a fallu que plusieur…
Date de mise en ligne : 01/04/2016