Depuis le décès de George Floyd, mort asphyxié sous le poids d’un policier blanc de Minneapolis lors d’un contrôle à la violence tristement ordinaire le 25 mai 2020, articles et prises de position diverses ont été publiés de manière quasi quotidienne dans la presse française.
Outre les textes reliés directement à l’actualité et à l’histoire des questions raciales aux États-Unis, de nombreuses publications portent sur la situation en France. Qu’il s’agisse de se demander si certains outils d’analyse sont transposables des États-Unis à la France, de rappeler le mutisme des pouvoirs publics français sur ces questions ou de louer ce silence au nom de l’universalisme abstrait et de la République une et indivisible, de décrire les formes de discriminations raciales à l’œuvre au sein de la société ou encore d’en appeler aux risques du « communautarisme » ou du « séparatisme », ces textes mettent en lumière trois choses : la nécessité de nommer ces phénomènes, la manière dont le choix de certains mots reflète tout en les renforçant des rapports de pouvoir, et la façon dont le langage, qui entérine l’ordre social et ses hiérarchies, commence à vaciller.
Il est à ce titre frappant que deux quotidiens nationaux, Libération dans son édition du 24 juin 2020 et Le Monde dans celle du 27 juin 2020, consacrent des pages à l’explicitation de termes utilisés par l’antiracisme politique ou les travaux de recherche qui s’inscrivent dans une analyse critique de la race. Libération s’attachait ainsi à expliquer les notions d’intersectionnalité, de privilège blanc, de race et de racisme systémique…