Après les grèves de 1925 et de 1947, le Crédit lyonnais connaît au printemps 1974 un conflit social de grande ampleur. Si l’ensemble du secteur bancaire est touché, cet établissement est celui qui en subit le plus durement les conséquences, puisque là plus qu’ailleurs, la grève a été longue et dure.
Le Crédit lyonnais est alors dirigé par François Bloch-Lainé (président) et Jean Saint-Geours (directeur général), et depuis sa nationalisation, il est placé sous la tutelle de l’Etat, exercée par le ministre des Finances en exercice, Valéry Giscard d’Estaing. Le Lyonnais connaît une vive croissance depuis la déréglementation de 1966 (lois Debré) : le nombre de guichets a fortement augmenté, alors que s’avivait la concurrence avec les autres grandes banques. De là l’embauche massive par l’établissement d’un personnel jeune et inexpérimenté, qu’il forme lui-même. Les effectifs passent ainsi de 29 000 employés en 1967 à 47 000 en 1974, avec une moyenne d’âge de 28 ans au Crédit lyonnais. De ce fait, des difficultés apparaissent dans l’encadrement de ce nouveau personnel, qui n’appartient pas aux canaux traditionnels de recrutement de la banque.
Le 10 janvier 1974, lors d’une réunion de la Commission nationale paritaire, le directeur général du CIC, Jean-Pierre Fourcade, exprime son inquiétude face à des incidents survenus dans son établissement les jours précédents, au cours desquels les employés ont exprimé des revendications d’ordre salarial. Les discussions de la réunion portent sur le relèvement du pouvoir d’achat…