L’exposé d’un début de cure présenté par Emmanuelle Chervet comportant un matériel riche et complexe suscite de nombreuses pistes de réflexion.
Dès les premiers entretiens, son patient utilise des formulations énigmatiques, qui se réfèrent à une thématique fondamentale de vie et de mort et de perte d’objet. Elle entre en résonance avec l’expression d’une angoisse de castration plus clairement exprimée.
La façon dont ce patient traite de ses conflits psychiques internes manifeste un trouble de la pensée, un vacillement de sa perception et s’exprime dans des expériences transitoires de dépersonnalisation. Nous constaterons que ce craqué psychique n’est pas sans évoquer la pensée paradoxale, terme utilisé par P.-C. Racamier pour désigner un mouvement d’annulation d’une problématique conflictuelle première. Le cas présenté, bien que n’étant pas celui d’une structure psychotique, nous entraîne cependant sur ces voies de recherche qui nous dévient quelque peu des approches plus classiques des complexes névrotiques.
E. Chervet a choisi ce cas pour « exposer différents niveaux de conflits » dans un colloque ayant pour thème « Le conflit psychique ». Nous sommes bien au cœur du sujet.
Dans sa présentation, le trouble du comportement sexuel est au premier plan, le patient consulte afin de « traiter son envahissement par une sexualité addictive ».
Pourtant, très vite, c’est l’angoisse de mort et la souffrance qu’elle occasionne chez le sujet qui s’exprime. La « toxicomanie d’expériences sexuelles » infernale met en danger sa santé, elle « a pris le relais des angoisses de mort qui ne se manifestent plus », dit-il…