L’incesteur n’est pas une personne extraordinaire, on le trouve, au singulier ou au pluriel, dans une multitude de familles. Majoritairement, il est un homme, ou futur homme s’il est très jeune, aux compétences spécifiques et incontournables pour comprendre les situations incesteuses. L’incesteur est aussi parfois une femme, ou une petite fille, ou une adolescente. Les incestueuses ne constituent pas des cas d’inceste marginaux mais elles sont minoritaires, on parlera ici au masculin parce qu’il n’y a pas de spécificité féminine d’incester et autant rendre à César ce qui lui revient majoritairement. Pour commettre et pérenniser les actes incestueux, l’incesteur établit le mode d’emploi de l’inceste, grammaire du silence et de la domination, que l’enfant incesté, les parents de l’enfant si l’incesteur n’est pas le père, tous les membres de son foyer et de la famille apprennent à connaître et à maîtriser parfaitement. L’incesteur, même quand il est très jeune, est le maître d’ouvrage du système familial, qu’il assujettit et organise en fonction de ses besoins. Chaque individu est différent et les histoires de chacun sont spécifiques, mais la pratique de l’inceste est un dénominateur commun à tous les incesteurs, de la même façon que la pratique de la famille depuis une place spécifique est un dénominateur commun à tous les pères ou les oncles.
Malheureusement pour l’ethnologue qui cherche à comprendre l’inceste, s’il y a bien un sujet sur lequel on partage peu son expérience, ni à la maison, ni au comptoir des troquets, ni à la machine à café des bureaux, ni sur les bancs de l’école, c’est l’abus d’un enfant de la famille…
Date de mise en ligne : 04/02/2022