Trop âgés pour retrouver un emploi, pas assez pour être retraités : les plus de 50 ans au chômage, sans toujours y être décomptés, se voient définis par leur faible « employabilité ». Cette notion, généralement entendue comme la capacité à obtenir un emploi (Gazier, 1990b), appelle une analyse critique, tout comme les dispositifs qui contribuent à produire socialement à partir de 50 ans cette « borne d’âge » comme une catégorie administrative agissante des politiques publiques de lutte contre le chômage. Car, dans un contexte de vieillissement démographique, comment saisir la distance à l’emploi pour des personnes au chômage dans la dernière partie de vie professionnelle ? Nous chercherons donc à définir l’employabilité de ces chômeurs en tentant de construire une définition de ce concept pour des chômeurs « âgés », étant entendu que l’âge n’a de sens que de manière relative, le vieillissement social tout comme le vieillissement biologique étant différent d’un individu à l’autre, mais aussi d’un sexe à l’autre et d’un groupe social à l’autre. On est âgé de manière très relative selon le métier exercé. Notre étude présentera donc quelques observations et réflexions menées à partir d’une longue enquête dans la banlieue nord de Paris.Les « caractéristiques individuelles » de ces personnes au chômage nécessitent d’être regardées de près. L’employabilité est d’ailleurs le plus souvent définie en fonction de ces caractéristiques personnelles. En effet, les facteurs d’âge, de qualification, de santé sont très largement considérés comme des indicateurs d’employabilité voire d’inemployabilité, c’est-à-dire que la capacité d’obtenir un emploi n’existerait plus…