Le terme « sécuritaire » – pour qualifier les politiques de sécurité publique – n’apparaît dans le dictionnaire qu’en 1983, mais on relève déjà des mesures politiques autoritaires dès le début de la décennie 1970 sous le Ministère de Raymond Marcellin (1968-74), dont certaines en réaction directe au mouvement de mai 68. Sa répression a permis au pouvoir de renforcer le contrôle social, parfois en s’inspirant des méthodes contre-insurrectionnelles auparavant appliquées aux peuples colonisés : expulsions des étrangers subversifs, arrêt des régularisations automatiques (octobre 1972), dissolution des organisations contestataires, loi « anti-casseurs » (juin 1970), loi réprimant l’usage des stupéfiants (décembre 1970), création des Brigades de Surveillance de Nuit (1971) et de l’Office Central pour la Répression du Banditisme (octobre 1973). Cette politique se poursuit avec la création du Groupe d’Intervention de la Gendarmerie Nationale (février 1974) et avec le projet SAFARI (Système Automatisé pour les Fichiers Administratifs et le Répertoire des Individus) révélé en mars 1974, qui devait permettre l’interconnexion de l’ensemble des fichiers administratifs français. Le tollé qui s’en suivit entraîna l’adoption de la loi informatique et libertés en janvier 1978. La plupart de ces mesures consistent à circonscrire la menace que représentent les migrants et les gauchistes et ne s’adressent en théorie qu’à une minorité du corps social, sa frange flottante et contestataire. La systématisation des politiques de sécurité et de réduction des libertés civiles au nom des impératifs de maintien de l’ordre – qui permet alors de parler d…
Mise en ligne 01/10/2017