Dans le séminaire Le savoir du psychanalyste (séance du 6 janvier 1972), Lacan dit que ce qui distingue le discours du capitalisme, c’est la Verwerfung, « le rejet en dehors de tous les champs du symbolique », de la castration. Il ajoute : « Tout ordre, tout discours qui s’apparente du capitalisme laisse de côté ce que nous appellerons simplement les choses de l’amour. » Forclusion de la castration par une mise à distance de l’amour. « Ségrégation » de l’amour, serais-je tenté de dire, en me référant à la thématique du congrès. Je proposerais, pour commencer à tracer la figure du sujet économique, en ce qu’il procède du discours du capitalisme, de partir de ces deux gestes.
On peut donner un premier éclairage de cette formulation de Lacan à propos du discours capitaliste en se référant à la 32e conférence intitulée « Angoisse et vie pulsionnelle » (dans les Nouvelles conférences d’introduction à la psychanalyse). Freud y fait observer que le principe de plaisir ne protège pas contre des « dommages objectifs, mais seulement contre un dommage déterminé de notre économie psychique », soit contre ce qu’il appelle dans ce passage le facteur traumatique. Tenir l’amour à distance afin d’éviter le danger pulsionnel que signale l’angoisse, c’est-à-dire le danger de la castration, en donnant au principe de plaisir une fonction de défense. Tel serait le « programme » d’une culture, la nôtre depuis le xvie siècle, édifiée sur le sujet économique. Dans Inhibition, symptôme et angoiss…