Le mot chamane vient de la langue toungouse qui relève de la branche toungouso-mandchoue de la famille altaïque, qui comporte deux autres branches : mongole et turque. La racine sama, qui signifie «remuer les pieds », « s’agiter », exprime le fait de «bondir, sauter, courir et danser lors des rituels chamaniques», en référence à cette gestuelle particulière du chamane et des participants imitant le comportement des animaux pour communiquer avec leurs esprits. Le terme est apparu pour la première fois en Occident à travers le récit d’un prêtre orthodoxe russe exilé en Sibérie (1675). Il a ensuite été étendu aux autres peuples sibériens puis, à la fin du XIXe s., aux phénomènes analogues observés ailleurs dans le monde, suite à la parution en anglais de l’ouvrage comparatif général (en russe) de V.M. Mixailovskij (1892). C’est devenu son sens actuel. En Amérique, chez les Amérindiens, le mot traduit par chamane (shaman en anglais) évoque en général à la fois le fait de voir, de savoir et de pouvoir ; ou bien, quand le chamane a un rôle avant tout thérapeutique, le terme se traduit par medecine man (Indiens d’Amérique du Nord), curandero (celui qui soigne, en Amérique latine), ou alors par «sorcier» car le chamane peut aussi agir «pour le mal» (contre des ennemis).
Les missionnaires et les explorateurs, en Sibérie, ont été très surpris par les comportements d’imitation animale des chamanes et des participants. Ils y ont vu des rites diaboliques ou bien des accès de folie qu’ils ont attribués à leur état de « sauvagerie » et à la dureté de leur mode de vie…