En marge des grands effets collectifs liés aux guerres se sont développées des expériences individuelles ayant la puissance d’éclairer les guerres du siècle dernier et leur relation énigmatique au religieux, d’éclairer de nouvelles relations intimes à la transcendance en fonction de la guerre et des transformations et déplacements produits dans le champ religieux.
Dans le xxe siècle, la guerre d’Espagne a constitué une épreuve majeure, avant la Seconde Guerre mondiale. Elle a déterminé des expériences religieuses, hors des contextes institutionnels et traditionnels, qui ont à voir avec l’expérience mystique. De ces expériences des témoignages nous sont laissés par une certaine créativité artistique, liée à des actes, à des attitudes. Comment cette créativité artistique a intégré la dimension mystique à cause de la guerre et en fonction d’elle, comment la guerre a renouvelé l’esthétique en lien avec l’inflexion ou le renouvellement de motifs traditionnels de l’expérience mystique, c’est ce que j’examinerai ici à travers l’exemple de l’île de Majorque et le film El Mar du Majorquin Agustí Villaronga, réalisé à partir du roman autobiographique du poète lui-même majorquin Blai Bonet, en contrepoint de deux autres artistes que j’évoquerai brièvement, l’écrivain Georges Bernanos, qui vécut dans l’île de 1934 à 1937, et le peintre et sculpteur également majorquin Miquel Barceló.
Rappelons brièvement quelques dates. En avril 1931, les républicains triomphent aux élections d’avril en Catalogne, dans le Pays basque, dans la province de Huesca et dans la Rioja…