Les romanciers, comme les chercheurs, peuvent avoir à cœur de rendre compte de ce que font, concrètement, les médiateurs pendant une négociation. La citation mise en exergue montre bien à la fois le rapport de certains médiateurs à la connaissance théorique sur la résolution des conflits et l’enjeu de la mise en pratique : quel positionnement adopter par rapport aux parties ? Quelles actions concrètes caractérisent le processus de médiation ? Si le premier chapitre s’est penché sur la conception de la médiation internationale, il s’agit ici de s’interroger sur les pratiques effectivement développées pendant les négociations. Mais qu’entend-on exactement par « pratiques » ? Le « tournant pratique », amorcé au début des années 2000 dans le champ des relations internationales – notamment par Iver Neumann dans son étude de la diplomatie –, envisage les activités et les situations quotidiennes comme de réelles catégories d’analyse. Faute d’une approche unifiée, les pratiques sont, par un consensus minimal, considérées comme des faisceaux d’activités, rejoignant alors la signification courante du mot, qui renvoie simplement à une manière concrète d’exercer une activité. Plus précisément pourtant, parler de pratiques est un moyen de ne pas penser l’acte comme isolé, mais en relation avec les actions d’autres acteurs, et de réfléchir à sa portée et à sa signification plus générale en s’extrayant du moment spécifique de l’action.
Étudier les relations entre individus, d’une part, et les liens entre les actions de différents protagonistes, d’autre part, en portant une attention aux pratiques est au cœur de ce chapitre…