Si l’intervention française au Mali a bien commencé le 11 janvier 2013, la guerre des djihadistes et des indépendantistes touaregs a, quant à elle, débuté un an plus tôt, en janvier 2012. Ce conflit déborde les frontières maliennes de tous côtés, puisque, d’une part, les Touaregs, impliqués dans le conflit, constituent un peuple sans État partagé entre cinq pays et parce que, d’autre part, les groupes djihadistes combattants, souvent manipulés par des puissances extérieures au Mali, s’inscrivent soit dans un combat mondial pour le califat, comme dans le cas d’AQMI, « franchise » d’Al-Qaida au Maghreb, soit dans la perspective d’une islamisation radicale du Mali, tout en passant de nombreuses alliances extérieures, comme l’illustre le groupe Ansar Eddine.
Le Mali n’est pas isolé, ni de l’Afrique du Nord ni de l’Afrique subsaharienne. Appartenant à la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), en rapport historique d’alliances et d’oppositions mouvantes avec les pays limitrophes, l’État malien entretient depuis son indépendance, obtenue en 1960, des relations complexes avec l’ancien colonisateur français. Et tous les observateurs ont bien remarqué que le conflit malien est, à sa source, une conséquence très prévisible de l’intervention française en Libye.
Bertrand Badie analyse bien, dans sa préface, en quoi un conflit que l’on pourrait croire ponctuel, limité dans l’espace et dans le temps, est en fait global. C’est dans le même esprit qu’ont été rédigées les différentes contributions qui composent cet ouvrage…