Le travail psychothérapeutique rencontre nécessairement la question de l’être culturel de celui qui parle et expose ses difficultés, sa douleur et parfois ses plaintes. Souffrance psychique et culture sont souvent bien plus étroitement liées que l’on ne le suppose. Les questions de l’étranger et de l’étrangeté peuvent se présenter de façon encore plus criante lorsqu’elles sont posées par un patient ou un consultant d’une autre origine culturelle que la nôtre. Il importe aujourd’hui d’être informé des systèmes autres pour penser la maladie et le soin que ceux qui sont en état d’efficacité en Occident. Pourtant, il convient de ne pas méconnaître que tout travail psychothérapique, se référant à l’analyse, fonctionne avec les catégories du même et de l’altérité, plus larges et plus mouvantes que celles recouvertes par des oppositions entre nationaux et étrangers. Le fond de la problématique du même et de l’autre traverse toute subjectivité.
Freud, en introduisant la parole de ses patients au risque de la règle fondamentale, a inventé un dispositif inédit, culturellement non homogène ou non réductible à ce qui préexistait (entretiens diagnostique, mais aussi ordinaire de la conversation), pour faire surgir le point de renoncement à soi qui traverse la parole de celui qui parle en cure avec sa souffrance psychique. Le modèle technique légué par Freud ne manqua pas d’introduire cette révolution dans la culture en brouillant et disséquant l’ordinaire convention des situations de parole…