La deuxième partie du xixe siècle passe pour une époque d’apaisement progressif des tensions après l’échec européen des révolutions en 1848 et le succès des processus d’intégration d’une partie des classes populaires dans le nouvel ordre politique et social à travers l’extension progressive du suffrage et la naissance d’organisations syndicales et politiques qui commencent à encadrer les classes ouvrières notamment en Grande-Bretagne, en Allemagne, en Autriche-Hongrie, dans l’Europe du Nord ou, de manière plus limitée, en France, en Italie, en Espagne. On a vu également, au chapitre précédent, le développement et la diffusion de nouvelles formes de culture de masse qui contribuent à effacer partiellement les coupures culturelles les plus apparentes de la première partie du xixe siècle. Pourtant ces facteurs d’unification sociale, culturelle ou nationale vont de pair, plus on avance dans le temps (et ceci d’un bout à l’autre de l’Europe), avec des « révolutions symboliques » qui ébranlent l’ordre culturel établi dans presque tous les genres, même ceux les plus liés à la culture officielle. Ces révolutions symboliques se produisent à des moments différents et en des lieux divers mais leur succès durable tient au fait qu’elles répondent aux aspirations à la liberté des nouvelles générations d’artistes ou d’écrivains et trouvent des médiateurs pour toucher des publics spécifiques et des émules qui lancent des mouvements analogues en d’autres lieux ou dans d’autres types d’activités culturelles…
Date de mise en ligne : 06/01/2020