Yves Klein déclarait, lors de sa célèbre conférence « L’évolution de l’art vers l’immatériel » à la Sorbonne en 1959 :
Au loin, dans la couleur, la vie, la liberté et moi devant le tableau, je me sentais en prison. Et c’est, je pense, à cause de cette même sensation d’emprisonnement que Van Gogh s’est écrié : « Je voudrais être délivré de je ne sais quelle cage horrible ! » Et plus tard : « Le peintre de l’avenir sera un coloriste comme on n’en a jamais vu encore. » Cela viendra dans une génération plus loin. C’est donc bien par la couleur que j’ai fait la connaissance peu à peu de l’immatériel.
Cette citation est reprise dans le texte intitulé La Voie, manifeste de ma première exposition « Dancing Colors » en 2000 à Tokyo. Yves Klein avait tracé le chemin de cette exploration de la frontière entre le matériel et l’immatériel, un chemin que je n’ai cessé d’arpenter depuis, en utilisant la couleur-lumière comme médium, comme langage.
Je vais vous parler ici de cette couleur-lumière et de la perception dans l’art et dans l’architecture. Nous commencerons par un aperçu rapide de l’histoire de la lumière dans l’art, avant d’aborder de manière plus frontale la couleur-lumière, à travers quelques réalisations emblématiques des artistes qui m’ont inspiré, puis dans mon propre travail.
De tout temps la lumière a accompagné voire précédé la nature, la vie, et l’un de ses aboutissements, l’Homme. Lui-même a mis du temps à apprivoiser et à comprendre la lumière et son corollaire perceptuel, la couleur…