Dans Le Temps éclaté, je consacre six chapitres sur treize à la compulsion de répétition. J’y renvoie donc le lecteur intéressé. En relisant ces chapitres, il m’apparut qu’il était nécessaire de postuler d’importantes modifications métapsychologiques pour éclairer la fonction de la compulsion de répétition chez Freud. Car il faut distinguer la répétition, concept présent dès la première heure, et la compulsion de répétition qui ne fait son apparition qu’en 1914 avec « Remémorer, répéter, perlaborer ».
Cet écrit est un monument d’ambiguïté. Il y est soutenu à la fois que répéter peut chez certains patients prendre la place de remémorer et en même temps que répéter peut être une forme de remémorer. Au début de l’article, Freud remonte jusqu’à l’hypnose. En y associant la catharsis (méthode hypno-cathartique), Freud y introduit implicitement la remémoration et sa liquidation par décharge. Mais le modèle cathartique se complexifie, car s’introduisent à cette occasion de faux souvenirs et des souvenirs-écrans qui font obstacle à une remémoration. D’ailleurs, s’agit-il d’une vraie remémoration lorsque le patient affirme « je l’ai toujours su » ? En outre, le rôle des résistances qui empêchent la remémoration est souligné. La levée de l’amnésie infantile dépend de la levée des résistances. Freud a le souci de distinguer des actes purement internes, différents des événements vécus. Les premiers caractérisent un psychisme en soi (ce qui est le souci de Freud) et un simple vécu intérieur…