Les récentes réformes du secteur de la santé ont souvent été contestées au nom de la vision « marchande » des services publics de la santé qui les sous-tendrait. La tarification à l’activité (T2A), introduite progressivement à compter de 2005, puis la réforme « Hôpital, Patient, Santé, Territoires » votée en juillet 2009, qui en finit avec la conception organique du service public hospitalier, ont été disqualifiées comme les deux étages d’une même fusée calant la « gouvernance hospitalière » sur celle de l’entreprise. L’« hôpital-entreprise » a ainsi été la figure repoussoir et fédératrice du Mouvement de défense de l’hôpital public (MDHP), initié par deux « grands patrons » parisiens, qui ont réussi à faire descendre dans la rue, au printemps 2009, nombre de leurs prestigieux pairs, de gauche et de droite, aux côtés des autres catégories de soignants et des syndicats de fonctionnaires. Une première. Jamais les « médecins stars », tant décriés et révérés dans la presse, n’avaient eu recours à ce répertoire d’action collective, plus habitués à accéder directement aux décideurs politiques. C’est que la réforme de 2009 a été élaborée selon les canons de la Révision générale des politiques publiques (RGPP), en petit comité associant des conseillers ministériels, des hauts fonctionnaires et des consultants issus de grands cabinets de conseil, sans que les groupes d’intérêt traditionnels n’aient eu voix au chapitre, hormis les consultations de façade.
Le slogan dénonciateur de la « marchandisation » de la santé contient une part de vérité…