Le syndicalisme agricole est difficile à définir parce qu’on l’appréhende souvent en se référant au syndicalisme ouvrier qui, lui, se détermine clairement depuis le début du XXe siècle comme « association de travailleurs groupés pour la défense de leurs droits et la poursuite de l’amélioration de leur condition » et dont le rôle dans le mouvement social se trouve ainsi assez bien circonscrit.
Le syndicalisme agricole n’a jamais pu être cerné de façon aussi précise. Regroupant des propriétaires fonciers avec des exploitants et même parfois des ouvriers agricoles, il garde un visage ambigu, parce que les intérêts qu’il défend sont fort divers.
Les deux mouvements ont été influencés à leur début par des doctrines qui ne manquent pas de points communs : proudhonisme pour le mouvement ouvrier, catholicisme social, venu de Buchez et de Cabet pour le mouvement paysan. Mais le développement du capitalisme industriel, à partir de 1860, en éliminant l’artisanat et en généralisant le salariat, constitue la classe ouvrière comme classe distincte et antagoniste de la bourgeoisie. La conscience de cet antagonisme radicalise les formes d’expression de la classe ouvrière, et, sous l’influence du marxisme, les tendances mutuellistes et coopérativistes se trouvent progressivement éliminées du mouvement ouvrier au profit d’une orientation de type révolutionnaire. Le syndicalisme ouvrier est devenu un syndicalisme de classe.
De même que l’associationnisme et le mutuellisme ont inspiré le mouvement ouvrier naissant, une grande confusion s’établit jusqu’à la loi de 192…
Date de mise en ligne : 01/04/2012