Un groupe a promu de manière cruciale le développement du concept de race : les forains de l'industrie du divertissement. Les zoos humains et les spectacles de phénomènes de foire (freak shows), les exhibitions de peuples non occidentaux et celles de personnes qui présentaient des handicaps et autres étrangetés humaines connurent, sur les sites de divertissement, un succès phénoménal aux États-Unis au cours de la seconde moitié du xixe siècle et de la première partie du xxe siècle. Bien que ces spectacles soient à présent méprisés, ils firent partie intégrante de la vie américaine, des années 1840 à la Seconde Guerre mondiale. Des centaines de ces productions sillonnèrent l'Amérique dans le cadre de spectacles de cirque ou de carnavals. Des monstres de foire étaient également visibles dans les parcs d'attraction, les musées de curiosités bon marché (dime museums) et les expositions internationales. Ces spectacles étaient produits et mis en scène par des hommes de spectacle et leurs associés. Or, leurs pratiques et leur influence dans la production du concept de race n'ont fait l'objet d'aucune étude.
Par « spectacles de phénomènes de foire » et « zoos humains », il faut entendre l'exhibition, sous une forme organisée et à but lucratif, de personnes qui présentent des anomalies réelles ou supposées, que ces dernières soient d'ordre culturel, physique, mental ou comportemental. La mention « sous une forme organisée » est fondamentale car elle distingue les freak shows des exhibitions plus anciennes de numéros uniques qui n'étaient pas rattachées à des établissements comme des cirques ou des musées et qui ne s'inscrivaient pas dans le cadre de carnavals ou de foires internationales…