On a tellement parlé de modèles, on s'est tellement servi de modèles, qu'il est devenu possible et pertinent de tenter d'approcher la question des modèles de manière reconstruite, c'est-à-dire en prenant quelque distance avec les étapes de la mise en place de cette nouvelle façon de penser et de travailler, sans pour autant se priver, chaque fois que nécessaire, d'avoir recours à un développement historique.
C'est pourquoi j'ai choisi une introduction plutôt qualitative et intuitive, usant de mots dont je préciserai ensuite la définition.
Chacun d'entre nous voit les objets qui nous entourent d'une certaine façon et les mobilise dans des actions plus ou moins réfléchies. Chacun use implicitement de modèles dans une exploration permanente et parfois automatique de son environnement. Il s'agit là de nécessités vitales. Chacun en effet a besoin d'une logique et de méthodes dans ses relations avec le monde. Chacun les pratique plus ou moins consciemment, mais s'y tient fermement, au point qu'il s'agit là parfois de caractéristiques culturelles essentielles.
Le problème est qu'il n'existe pas une logique unique qu'il suffirait d'apprendre, que les objets ne sont pas aussi simples et aussi disponibles qu'on pourrait le croire dans une perception première. Et les modèles, même les plus rudimentaires, ne sont pas si faciles à manipuler, ni sans dangers.
Ainsi, il n'y a pas eu une seule logique dans l'histoire, et il n'y en a pas une seule à l'instant même, parce que la logique est relative au corps de connaissances que nous possédons à un moment donné, aux moyens d'investigation dont nous disposons et aux objectifs que nous poursuivons…