Au moment de conclure cet ouvrage consacré à l’évaluation des compétences en milieu scolaire et en milieu professionnel, il peut paraître provocateur de supposer que le concept de compétence nous a peut-être menés vers une voie sans issue. Pourtant, deux éléments au moins appuient cette thèse pessimiste.
Le premier d’entre eux est fondé sur l’analyse des écrits et des débats scientifiques mettant en lumière le caractère polysémique et la multidimensionnalité du concept (cf. chapitres 2 et 13). Bien que la notion soit apparue dans les années 1970-80 dans les domaines de la formation professionnelle et du travail et environ une dizaine d’années plus tard dans le domaine de l’éducation, on reste en effet dubitatif face au nombre et à la diversité des définitions rencontrées selon le contexte, le champ de recherche, l’auteur ou le référentiel considéré. Bien que des éléments de définition commune aient émergé au fil du temps, des controverses demeurent (cf. chapitre 3) tant au niveau des finalités poursuivies (avec l’opposition classique entre savoirs et compétences et la probable influence néolibéraliste), des fondements théoriques du concept (transfert des apprentissages, caractère inédit des situations, complexité des tâches, degrés de compétence, familles de situations, compétences transversales…) qu’au niveau de ses implications en termes de pratiques d’enseignement et de formation (combien d’enseignants et/ou de formateurs savent en effet exactement comment s’y prendre pour appliquer l’approche par compétences prônée par les référentiels …