L’onu définit les personnes dites « intersexes » comme étant « nées avec des caractères sexuels (génitaux, gonadiques ou chromosomiques) qui ne correspondent pas aux définitions binaires des types “mâles” et “femelles” ». Cette définition concerne des réalités anatomiques, chromosomiques, endocrinienne fort différentes les unes des autres, et dont les enjeux et répercussions le sont tout autant. Mon propos va concerner une situation anatomique spécifique qui empêche de déclarer à sa naissance, et sans doute aucun, le sexe du bébé qui en est porteur.
Aujourd’hui, en France, cette impossibilité place d’emblée le nouveau-né dans une situation qualifiée d’urgente par le corps médical : urgence de détermination du sexe qui refuse à se dévoiler par un classique constat visuel ; laquelle sera elle-même suivie d’une urgence à procéder à une rectification anatomique de sexe, afin de le rendre conforme à l’assignation décidée. Ainsi depuis les années 1950 et en suivant les préconisations de John Money, psychologue américain (Money et coll., 1955, 1957), les bébés intersexes subissent-ils des interventions chirurgicales cosmétiques précoces afin de rendre leur anatomie génitale le plus conforme possible aux critères couramment admis du sexe qui leur a été assigné.
Or, depuis un peu plus de dix ans maintenant, des voix s’élèvent pour dénoncer ces chirurgies précoces sur l’argument qu’il s’agit d’une intervention irréversible, mutilante et sur un corps sain. En effet, outre le risque vital lié au symptôme de perte de sel rencontré dans certaines situations d’hyperplasie congénitale des glandes surrénales, provoquant une hypervirilisation de bébés ayant un caryotype XX, les situations d’intersexuation n’engagent aucunement le pronostic vital du nouveau-né, et les associations intersexes tout autant que les médecins s’y accordent…
Date de mise en ligne : 21/01/2021.