Le vieillissement de la population a mis sous pression les systèmes de retraite en Europe [Gannon et al., 2022]. Outre des mesures visant à réduire le degré de générosité des pensions ou à augmenter les taux de cotisation, de nombreuses réformes ont cherché à retarder l’âge de la retraite en s’appuyant sur différents dispositifs, qu’ils relèvent de l’incitation (majoration/minoration en fonction de la durée, par exemple) ou de l’obligation (hausse de l’âge minimal d’ouverture des droits). Il s’est ensuivi une activité prolongée des travailleurs séniors dans tous les pays européens. Bien qu’il existe de nombreux facteurs nationaux spécifiques, une tendance croissante s’observe, entre les principaux pays de l’ouest de l’Union européenne (UE), entre le poids des plus de 65 ans et l’âge effectif moyen de sortie du marché du travail (graphique 1).
Le recul de l’âge de la retraite pose un défi majeur de maintien dans l’emploi des séniors. Toute réforme des systèmes de retraite nécessite alors d’être accompagnée par des politiques actives de l’emploi.
Dans ce chapitre, nous observons d’abord que les marchés européens du travail affichent des performances différenciées en termes de taux d’emploi des séniors. Toutefois, on note globalement un rattrapage : les pays qui affichaient un important retard au début des années 2000 sont aussi ceux qui ont connu les plus fortes hausses par la suite. Ensuite, nous détaillons les spécificités liées à l’âge des travailleurs séniors. Si l’expérience acquise au cours des années favorise l’employabilité, une obsolescence du capital humain conjuguée à une usure de l’état de santé peut être préjudiciable au maintien ou au retour dans l’emploi, pour des questions d’aptitude au poste ou de pénibilité accrue, sans compter que des dispositifs institutionnels ont pu faciliter des retraits anticipés du marché du travail…
Date de mise en ligne : 21/09/2023