Le 5 novembre 2015, a eu lieu la première journée nationale « Non au harcèlement ». Manifestation publique et politique de la prise en compte des situations de violences à l’école, cette journée est particulièrement dédiée aux faits de harcèlement en milieu scolaire. Les « violences à l’école » ont connu depuis le début des années 1990 une progressive reconnaissance publique (et scientifique) ayant conduit ces faits et situations de violence à transiter de choses tues et honteuses se déroulant dans les espaces clos de la classe et dans les interstices scolaires, au statut de problème scolaire débattu et contrecarré dans l’enceinte des établissements, puis à celui de problème social et public débordant le seul cadre scolaire (Moignard & Rubi, 2013). Ce dernier statut leur confère une visibilité hors les murs de l’institution scolaire, une publicisation qui autorise et justifie l’action publique et avalise la reconnaissance des souffrances et difficultés endurées par tout un chacun dans ces situations. Cette transformation de la prise en considération par les pouvoirs publics de problèmes initialement scolaires, est concomitante et relative aux travaux de recherches qui se sont développés à divers échelons (local, national, international). Ces recherches ont permis tant la mesure fine de l’objet via des protocoles méthodologiques d’auto-déclaration (enquêtes de victimation ou enquêtes de délinquance autoreportée), que la compréhension précise des processus collectifs et relationnels mobilisés dans ces situations de violence…