La séduction a mauvaise presse, même dans les dictionnaires. Pour tout dire, les définitions n’en sont pas séduisantes. En tout cas on y trouve peu de liens à l’amour.
Séduire, c’est faire tomber dans l’erreur, c’est détourner du chemin de la vérité, insiste Littré : n’a-t-on pas confondu séduction et sédition ? Et pourtant l’étymologie le confirme : après avoir signifié retirer, subducere a pris le sens de séduire, seductio en latin classique signifiant l’action de tirer de côté. Puis seducere, c’est surtout séparer.
Les verbes grecs ????????? (corrompre), ?????? (tromper), ????????? (conduire l’âme, charmer) soulignent aussi dans leur composition la dimension de la destruction, de la tromperie et les séducteurs apparaissent comme des meneurs d’âmes. À s’en contenter, la séduction apparaîtrait comme la voie royale du détournement de la vérité de l’autre, de son chemin. Il suffit aussi de se rappeler le terme allemand Verführung, pour saisir ce qui fait déviation d’un sillon. Mais, après tout, qui du séducteur ou du séduit est détourné de son propre sillage ? Alcibiade veut séduire Socrate parce qu’il est séduit par celui-ci. On ne peut escamoter l’échange de rôle voire le mouvement d’escamotage et de complicité qui s’opère dans la relation de séduction. À se demander surtout quel est l’enjeu et qu’est-ce que le contrat vise à escamoter ? Pour cette question, il ne suffit pas de faire appel auxdites difficultés relationnelles du névrosé pour toucher du doigt le prix à payer afin de se situer face à la différence de l’autre…
Date de mise en ligne : 03/09/2014.