L’art contemporain fait l’unanimité des artistes sur un point : la haine de la Renaissance et de son héritage, l’ennoblissement de l’art et de l’artiste. La modernité a rêvé de l’artiste sans privilège, ingénieur (Tatlin), artisan (le premier Bauhaus) ou, de toute façon, l’égal de son public (pop’art) ; le Stijl voulait abolir la « profession ». Le courant dadaïste-surréaliste, où s’enracinent les avant-gardes qui se succèdent depuis les années 1960, tendait à dispenser l’artiste de la production d’objets ; on ne lui demandait qu’une chose : être, ou, ce qui est plus difficile, se supprimer, ce que Craven ou Crevel ont exécuté à la lettre…
La modernité n’a détruit qu’afin de donner libre cours à ce qu’elle portait. Il lui fallait démolir le code de la perspective et du clair-obscur pour libérer la couleur et les rythmes, s’évader de la ressemblance pour découvrir les signes plastiques et les effets optiques capables de créer un espace pictural et, de même, en sculpture, libérer du bloc la forme ouverte. L’aboutissement était l’espace abstrait et ses variantes informelles. La sortie hors du tableau, hors de la peinture et de la sculpture guettait la génération qui recevrait en héritage de ses aînés cette fantastique réévaluation des moyens mentaux de la peinture. Le moins que l’on puisse dire est qu’elle ne s’en est pas privée. Aujourd’hui, le mot « art » revêt une certaine indétermination liée à l’explosion de ses pratiques et à l’implosion de ses critères traditionnels. Il est impossible ici de recenser toutes les formes que revêt l’art contemporain qui est un art de l’insolite…
Date de mise en ligne : 06/05/2022