Parmi les maîtres mots qui font les titres et la substance
de nombreuses publications psychanalytiques actuelles
s’imposent la représentation, l’hallucination par excès ou
par défaut (plus ou moins) et, à peine plus accessoirement,
le clivage et le déni. Ces thèmes ont en commun de
sous-entendre la sûreté de notre savoir sur la perception.
Ce savoir, en effet, est le présupposé et la jauge de ces phénomènes, faute duquel nous ne travaillons qu’avec des
inconnues. Pourtant, à moins de se rallier au postulat de
cellules et de connections innées, émergeant toutes prêtes
et définitives pour le système visuel comme pour la grammaire générative, nous sommes confrontés à la complexité, aux épigenèses, à l’apprentissage infini en matière
de perception.
Il est vrai qu’une certaine communauté « naturelle »
marque les limites de ce champ perceptif par rapport aux
configurations perçues par d’autres espèces ou aux données acquises par les instruments qui nous prolongent. Il
reste que nous pourrions formuler en termes d’angles perceptifs simultanés ou successifs d’un analysant ce que son
analyste est appelé à en percevoir, à en apprendre concernant cette intersection où l’interprétation du monde vécu
par le parleur tient de sa perception et de son articulation
langagière. Notre relative méconnaissance à cet égard provient de l’impérialisme des mots, de la syntaxe de la
langue qui masquent les caractéristiques perceptives et
contribuent à les brouiller et à les réduire. Il en va autrement avec l…
Mise en ligne 04/01/2016